Depuis un certain nombre d’années, le constat du taux de passage des élèves Maliens en classe supérieure nous révèle la faiblesse de leur niveau. Selon les résultats d’enquêtes de l’œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel (OMAES) menée en février 2014 dans le cadre de la mise en œuvre de son programme d’évaluation des élèves, il apparaît clairement que le niveau de nos élèves continue à chuter.
Le constat est très visible et regrettable car nombreux sont les élèves du lycée qui aujourd’hui ne peuvent rédiger une simple lettre ordinaire. Alors, sachant que pour soigner un mal, il faut remonter à son origine, nous avons recueilli les avis des citoyens en ce qui concerne les probables causes.
Est-il admissible qu’un élève de la terminale d’un lycée ne soit pas capable de rédiger rien qu’une lettre ordinaire ? Certainement que non !
Cependant, le constat est amer aujourd’hui que les élèves de la sixième année fondamentale des années 1960 sont plus doués que ceux de la neuvième année au Mali. Cette comparaison, diront certains, n’a aucune raison d’être. Pour autant, il revient généralement dans les discussions quant on évoque le niveau lamentable de nos élèves. Etudiants, parents d’élèves, autorités scolaires, enseignants se rejettent mutuellement la responsabilité.
Dans le système d’intégration sous régionale notamment en cette période de globalisation, la question reste pertinente et d’actualité. La pression démographique galopante, l’analphabétisme de certains parents et la cherté de la vie sont autant de facteurs évoqués par les uns et les autres pour justifier cet état de fait. Faut-il passer sous licence le faible niveau de ceux-là mêmes qui forment les apprenants ? Nous estimons que là il y a un pas à ne pas franchir.
Il faut sans doute remonter le cours de l’histoire pour chercher à savoir depuis quand cela a commencé. D’autres griefs sont relatifs au manque de bibliothèques scolaires, des universités actualisées, le faible pouvoir d’achat des parents d’élèves, la démotivation des enseignants, l’ajustement structurel, les conflits de compétences entre l’APE (association des parents d’élèves) et C.G.S (comité de gestion scolaire), lesquels qui n’existent que sur papier.
Courant la semaine écoulée dans un micro trottoir, il ressort de l’avis de la majorité des intervenants que tous ces problèmes auraient pris leurs sources dans la création anarchique des écoles privées. Création qui est souvent conclue selon l’esprit mercantile. Pour d’autres, c’est le manque de texte rigoureux en parfaite application. Cela s’ajoute à la dévalorisation de la fonction enseignante et au manque de formation continue du personnel. Lisons donc ensemble les propos de ces intervenants.
Alassane SIDIBE : Habitant à Kalabancoro
A mon avis, l’Etat doit veiller sur le fonctionnement des établissements privés. C’est l’esprit mercantile qui prévaut. D’autres fonctionnent en dehors de tout texte réglementaire. Si rien n’est fait, l’agonie de l’école malienne se précise.
Drissa DANIOKO : Enseignant
Je ne pense plus que la barre peut être redressée, nous les enseignants sommes délaissés. Tous les régimes nous promettent la revalorisation de la fonction enseignante et la formation continue mais ils n’ont jamais une fois tenu leur promesse. Un enseignant est avant tout le moral. En effet, chaque enseignant a besoin d’un certain nombre de conditions pédagogiques et financières pour atteindre ses objectifs.
Ramata KAMATE : Commerçante au marché de Missabougou
Nous les parentes d’élèves, ne savons à quel saint se vouer car l’école malienne n’a aucun avenir. Chaque année, il y a des propositions de solutions qui n’aboutissent jamais. Moi, je propose de redonner aux enseignants une autorité résultante. Comparativement aux pays de la sous région les enseignants maliens sont délaissés à eux-mêmes. Je profite de votre compagnie pour exhorter les autorités maliennes à changer leur politique d’éducation pour faire de l’école malienne une école productrice de ressources humaines compétentes et prêtes à être opérationnelles.
Sayon SANGARE , Stagiaire