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Fahad Ag Almahmoud, Secrétaire Géneral du Gatia à l’Aube : « L’Azawad n’est pas une entité politique »

Dans un entretien exclusif qu’il nous accorde, Fahad Ag Al Mahmoud, secrétaire général du Gatia, évoque les circonstances de la création de ce mouvement d’autodéfense touareg Imgad et alliés il y a six mois. Et dit ne pas reconnaitre l’Azawad en tant qu’entité politique. Il aborde également la tension actuelle et les combats dans les zones de Tarkint et de Tabancort et décrypte les handicaps qui jonchent les négociations d’Alger.

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Parmi les menaces d’échec des pourparlers d’Alger, le secrétaire général du Gatia insiste sur l’absence, dans le processus des négociations, du chef du groupe armé islamiste Ançardine, Iyad Ag Ghaly, un acteur majeur et quasiment incontournable. Fahad Ag Almahmoud révèle même que Iyad est le chef des Ifogas qui dirigent le Mnla. Dès lors, notre interlocuteur pense que la communauté internationale doit, soit l’appeler à la table de négociations, ou tout simplement le combattre. Entretien.

 

L’Aube : Il est dit que votre organisation, le Gatia, est un mouvement d’autodéfense. Contre qui prétendez-vous vous défendre ?

Fahad Ag Almahmoud: Notre groupe est effectivement un groupe d’autodéfense. Qui a été malheureusement créé pour nous défendre contre nos frères et tous nos semblables qui ont prétendu un moment nous dominer par les armes.

 

Comment le Gatia est-il organisé au plan géographique, politique et sécuritaire?

Le mouvement n’a pas eu beaucoup de temps. Il est créé juste trois semaines après la récente chute de Kidal. Pour le moment, nous contrôlons la zone à droite du fleuve des régions du nord. Nous sommes à Tarkint, Tabankort et un peu toute la zone de Bourem.

 

Le Gatia a vu le jour au moment où d’autres groupes d’autodéfense étaient déjà présents sur le terrain. Quels sont aujourd’hui vos rapports avec ces mouvements du nord?

Le Gatia est membre de la plateforme du 14 juin 2014. Qui regroupe la quasi-totalité des groupes sédentaires regroupés en la Cmfpr. On y retrouve aussi le Maa, la Cpa, le Mpsa. Nous sommes un membre de ce groupe. Nous respectons les engagements antérieurs à notre naissance.

 

Pour parler du cas spécifique du Gatia, ce mouvement regroupe-t-il uniquement des Imgad, ou bien il est ouvert à d’autres communautés ?  

L’intitulé du groupement contient déjà la réponse à cette question. Dans sa définition, le Gatia est composé des Imgad et des alliés. C’est vrai que les Imgad sont le moteur, mais il y a beaucoup de communautés qui ne sont pas des Imgad. Il y a la communauté des Chérifan, qui était parmi les fondateurs du Gatia. La communauté Chérifan se subdivise elle-même en plusieurs autres communautés comme les Idofan, les Ibogolitan et la communauté Imouchan de Tombouctou, qui a rejoint très récemment le Gatia. Donc, aujourd’hui, si nous devons changer de nom, on le fera sans hésiter ; mais compte tenu de notre souhait de finir vite avec les groupes armés, on n’a pas jugé utile de faire un nom qui ne porte pas le nom d’une communauté précise. Mais, il y a pratiquement plusieurs communautés à Gatia.

 

Gatia, c’est uniquement à Kidal, ou bien il couvre également les régions de Gao et Tombouctou?

Toutes les fractions Imouchar, Kelsouk et beaucoup d’autres de la région de Tombouctou ont rejoint le Gatia. Gao et Tombouctou y font déjà partie. La communauté Imgad est, à elle seule, la seule communauté qui est présente dans la totalité des 12 cercles du nord, et presque dans la quasi-totalité des 84 communes du nord. Déjà, la communauté Imgad couvre toutes les régions du nord. Mais, elle a été rejointe par des anciens alliés avec qui nous avons formalisé très récemment un protocole d’alliance. Il s’agit surtout des communautés Imouchar, Kelsouk et leurs alliés.

 

Le Gatia, dès sa naissance, a marqué sa présence par certaines actions d’envergure sur le terrain, notamment à Bamba et Tabankort. A combien peut-on  estimer vos combattants et adhérents?

C’est une question à laquelle je ne souhaite pas répondre. Je ne peux pas vous dire qu’on a tel ou tel nombre de combattants. Parce que ça ne se fait pas. Ce que je peux par contre vous dire, c’est que nous avons la possibilité de mobiliser beaucoup de ressources humaines.

 

Est-ce que vous vous reconnaissez dans l’Azawad ?

Pour moi, l’Azawad, c’est un espace qui est entre Araouane et Taoudenit et qui s’arrête là. C’est un pâturage. Il faut donc comprendre que l’Adrar de Kidal n’est pas Azawad, le Nchawadj n’est pas Azawad, l’Azaouak n’est pas Azawad, l’Arbandak ou «Gourma» n’est pas non plus Azawad. Je ne reconnais pas l’Azawad en tant qu’entité politique. Car, même dans notre passé il n’y a jamais eu une entité politique du nom d’Azawad.

 

Que pensez-vous des revendications portant sur l’indépendance ou l’autonomie, telles qu’exigées par le Mnla ?

Le Gatia, dès le début, a précisé qu’il n’est pas un mouvement en belligérance avec l’Etat. Il n’y a aucune confusion à ce niveau. Nous réaffirmons que nous n’avons aucune revendication à caractère ni indépendantiste, ni sécessionniste, encore moins autonomiste. Ce qu’il y a, c’est que nous constatons certaines incohérences dans le comportement du Mnla. Il signe des engagements qui, pour nous, dépassent le débat de l’indépendance. Mais, nous remarquons que le même débat demeure toujours d’actualité au niveau de ses militants. Ce qui signifie tout simplement qu’il n’y a pas de restitution d’engagements.

Nous pensons qu’on a déjà dépassé l’étape de l’indépendance, du fédéralisme ou de l’autonomie; on va vers une décentralisation poussée, vers la régionalisation.

 

Quels sont  les succès militaires que vous revendiquez depuis la création du Gatia?

Le Gatia est né il y a environ six mois. Il n’a pas été créé pour imposer une quelconque idéologie à qui que ce soit. Nous n’avons pas à nous vanter des victoires fratricides ; mais jusqu’à l’heure où je vous parle, aucune composante de nos frères n’a réussi à nous imposer ce qu’elle voulait nous imposer. Malheureusement, jusqu’à ce jour (l’interview a été réalisée le dimanche 18 janvier 2014, Ndlr), les hostilités sont toujours en cours dans la zone de Tarkint et de Tabankort. Ce qui sous-entend que nos frères ont toujours espoir à nous dominer par la force. Ce qui ne sera pas le cas. Inchallah.

 

Comment voyez-vous les négociations d’Alger. Que préconise le Gatia pour une sortie de crise ?

Les négociations d’Alger ont un grand handicap. L’un des handicaps majeurs, c’est surtout l’écoute que la médiation, donc la communauté internationale, a eu surtout envers la coordination Mnla-Hcua. Qui pour nous est composée essentiellement d’individus peu recommandables et peu fréquentables. Des difficultés vont exister tant que la communauté internationale ne fait pas un arrêt et voir avec qui elle est entrain de discuter, avec qui elle est entrain d’être invitée dans les salles. Le fait est qu’aujourd’hui, la communauté internationale est entrain de discuter avec ceux-là même qui, hier, s’exprimaient sous le fond du drapeau Aqmi. Tant que ces erreurs subsistent, tant que la liaison entre ces mouvements et la France les laisse espérer  à dominer par la force; tant que la communauté internationale n’exige pas des accords basés sur les principes démocratiques et d’équité ; il n’y aura pas de paix.

Mais, il y a un autre gros handicap. C’est le fait qu’il y a un acteur clé qui est toujours absent du processus, en la personne de Iyad Ag Ghaly. C’est Iyad, le chef des Ifogas. Et ce sont les Ifogas qui sont aujourd’hui les chefs du Mnla. Il est un acteur majeur, mais qui n’est pas dans le processus. La communauté internationale doit, soit l’inclure dans le processus, soit le combatte comme cela se doit. Car, on ne peut pas faire une paix avec des tabous.

Entretien réalisé par

Oumar Diamoye

source : L aube

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