Afin de l’aider à calmer les ardeurs de l’Imam Mahmoud Dicko avec ses adeptes et des enseignants aussi, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, s’est entretenu pendant des longues heures, le lundi 8 avril 2019, à Koulouba, avec les familles fondatrices et chefs coutumiers de la ville de Bamako. A cette occasion, il a appelé les enseignants à reprendre la craie. «Encore une fois que la raison prenne le pas ; que chacun sache raison garder et que nos enfants retrouvent le chemin de l’école », a-t-il plaidé. Là, si tout porte à croire que l’Imam Dicko a suspendu sa fronde dans l’espoir que le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga partira, côté des enseignants IBK et ses protecteurs au sein des familles fondatrices de Bamako risquent d’être réduits en prêcheurs dans le désert face aux enseignants qui demeurent fermes dans leur décision. D’où leur marche nationale d’hier jeudi 11 avril 2019.
Dans l’espoir qu’ils pourront l’aider à décrisper la situation interne devenue de plus en plus tendue au plan au sociopolitique, le Président IBK vient de solliciter l’intervention des familles fondatrices et influents chefs coutumiers de la ville de Bamako. C’est dans ce cadre que se situe la longue audience qu’il a accordé, le lundi dernier, au palais de Koulouba, à une forte Délégation de ces entités sociales fondatrices de Bamako. La rencontre s’est déroulée en présence du Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga et du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf.
Les interlocuteurs d’IBK ont évoqué des points essentiels liés à leurs démarches envers les enseignants, l’Imam Mahmoud Dicko à la marche de la marche massive du vendredi 5 avril 2019. Comme il fallait s’y attendre, ils ont promis qu’ils prendront leur bâton de pèlerin pour tenter de calmer les ardeurs de l’Imam de Badalabougou et les syndicalistes.
Cependant, force est d’admettre que rien n’indique qu’ils vont réussir à cent pour cent de leur mission. Car, tous sont convaincus l’Imam Dicko est un Homme incorruptible. Donc, seule la tête de Boubèye (avec qui il a un compte à régler) qui pourrait lui amener à la signature de la paix des braves avec son ami de 2013, le Président IBK.
Concernant les enseignants grévistes aussi, amener Dr Boubou Cissé à faire débloquer leurs salaires reste la condition si ne qua non pour la reprise des négociations et leur retour dans les classes. En attendant, les hôtes du Président IBK l’ont demandé de maintenir sa main tendue à tous pour apaiser le climat social national et aller à l’essentiel avec toutes les composantes socioprofessionnelles de Bamako.
Les familles fondatrices et les chefs coutumiers de Bamako ont renouvelé leur confiance au Président IBK et lui ont rassuré de leur adhésion et de leur soutien dans ses démarches pour la paix et la stabilité internes. Comme à l’accoutumée, ils lui ont promis de leur accompagnement pour la normalisation de la situation du pays et la décrispation du climat social de Bamako aujourd’hui frisant une atmosphère explosive, une véritable bombe à retardement.
Naturellement, le Président IBK s’est félicité de cette preuve de disponibilité constante des familles fondatrices et chefs coutumiers de Bamako à son endroit. «L’école, c’est souci partagé par nous tous qui avons, chacun de son côté, le souci de l’avenir de ce pays, de sa jeunesse ; … ; la prolongation hors normes de cette grève des enseignants met en péril l’année scolaire et qui survient dans un contexte très lourd pour le pays et qui devrait amener chacun à s’interroger aujourd’hui sur les urgences ; … », s’est-il prononcé dans un style mitigé. Et à lui d’ajouter : « Je vais demander encore une fois que la raison prenne le pas ; que chacun sache raison garder et que nos enfants retrouvent le chemin de l’école. Ce serait à l’honneur des enseignants, ce serait à l’honneur de ce pays-là, ce serait conforme à l’héritage qui est entre les mains des enseignants du Mali. …Il faut, donc, que nous en venions aux fondamentaux. J’interpelle encore une fois mes frères enseignants, mes sœurs enseignantes pour qu’ils reprennent le chemin de l’école, et que là dans le calme et la sérénité retrouvés, avec le gouvernement, ils poursuivent les négociations de divers types tel que le syndicalisme le connaît ».
Relatif à la marche du 5 avril dernier, il s’est élevé surtout contre le fait que l’Imam et ses adeptes dénoncent la présence des troupes étrangères au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Là il s’est montré très inquiet et apeuré profondément. «Quand on fait haro sur les pays amis qui nous aident, on fait haro sur la MINUSMA on se trompe de combat, ce n’est pas cela, ça aussi dans un temps où nous venions de perdre il y a seulement quelques jours un jeune officier français qui n’est pas dans son pays, qui était là pour aider à sauver des vies maliennes. Donc, soyons à la hauteur de l’interpellation historique, soyons à la hauteur du moment que nous vivons, ne nous trompons pas de combat, ce n’est pas à notre honneur, pas du tout ; et sachons gré à ceux-là qui nous sondent dans la tourmente aujourd’hui ; car, dans la tourmente que nous sommes, ce ne sont pas eux qui l’ont inventée. Donc, je crois que ça c’est l’essentiel», a-t-il alerté clairement.
Pour la poursuite des entretiens avec l’opposition, IBK dit avoir reçu un message de la part de son jeune frère l’honorable Soumaïla Cissé.
«Donc, il n’y a pas de blocage, il n’y en a pas ; nous avions simplement convenu de nous revoir une fois nos missions terminées lui à Dakar et à Niamey et moi à Dakar ; et je ne sache pas qu’il soit venu entre temps; en tout cas, c’est hier soir qu’il est rentré.. », a-t-il précisé.
En tout état de cause, c’est sur une note de promesses habituelles que l’audience a pris fin. Alors, attendons voir la suite !
Amadou N’Djim
Source: Le Point