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État de la Nation: Seydou Badian dénonce la magouille

Tout en verve, le doyen Seydou Badian, comme à ses années de militantisme patriotique, a dénoncé les tares qui minent le pays. Corruption, crise du Nord, délinquance financière, prédation foncière… le tableau que dresse le doyen est accablant. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est cette affaire de 60 milliards que l’État va devoir payer à des soi-disant propriétaires de terre dans la zone aéroportuaire. Seydou Badian plus que jamais déterminé à défendre le Mali dans tout ce qu’il a de plus cher appelle à l’union sacrée autour de ce pays qui a tant souffert de ses hommes. En brandissant une photo sur laquelle il maniait une armée dans une caserne militaire, à Pékin en 1965, le sage a dit ses vérités crues.

Seydou Badian kouyate traore ecrivainSidéré, le doyen Seydou Badian est sorti, hier mercredi 2 septembre 2015, de son silence, en recevant une dizaine de journalistes, à son domicile à Hippodrome. Voici l’intégralité de la déclaration de l’un des symboles vivants de la République.

« Je vous ai fait appeler pour parler d’un sujet qui intéresse l’avenir de notre pays, le présent de notre pays. Il s’agit d’un problème foncier. Il y a quelques jours, j’ai réussi la visite d’un militaire, un adjudant. Il est venu me voir avec un livre sous le bras. Je lui ai donné de la place. Il a ouvert le livre, c’était le coran. Il m’a dit bonjour, cher grand-père. On m’a envoyé à vous, parce qu’on m’a dit ce qui me ronge s’il a un remède, ce remède passe par le vieux il va vous parler. J’ai dit ah bon ? Il m’a dit oui ! Il m’a dit, je vous parle les mains sur le coran : Que j’aille en enfer, que je sois brûlé de mon vivant, que je sois humilié, que je sois terrassé, si ce que je vous dis n’est pas la vérité. J’ai dit pourquoi tout ça ? Il dit, la zone aéroportuaire c’est pour l’État depuis votre temps, la première République. J’ai dit, nous le savons. Il m’a dit, vous saviez ce qui s’est passé ? Cette zone aéroportuaire a été vendue en partie, titre foncier à trois personnages du Mali, trois grands. J’ai dit ah bon ? Il dit oui ! Et, quand on leur a dit de dégager, ils ont intenté un procès à l’État. L’État a perdu. Ils ont droit à une indemnité de 60 milliards FCFA, ils sont trois. Il y a un certain temps, on leur a payé 21 milliards. Je suis venu vous voir parce que nous avons appris (je suis dans une équipe), que le gouvernement se prépare à leur verser 39 milliards. Vous savez avec 60 milliards on peut faire au moins 4 usines, pour employer 1200 travailleurs avec des effets multiplicateurs d’une usine mettons 2000 jeunes qui vont travailler. Vous savez pourquoi il y a autre chose, mais la grosse affaire je viens de vous l’exposer. Si on ne se lève pas, c’est la mort de l’État. La honte, l’humiliation du présent et la mort de l’avenir. Moi, je n’ai pratiquement plus de jambe, je ne peux pas me déplacer facilement. Journalistes d’investigation aidez-moi, aidez votre pays. Après quelques jours quelqu’un d’autre est venu me voir pour l’histoire de Souleymanebougou.

À 87 ans, j’ai n’est pas d’autre avenir, mon avenir c’est derrière moi. Mon avenir c’est ma lutte pour que le Mali soit assainit. Le Mali soit une terre de dignité et d’honneur comme le Mali l’était avec Modibo KEITA. Vous pouvez faire beaucoup, vous savez beaucoup de choses. Il faut le courage, quand on a perdu la Patrie, on a tout perdu.
Sur la question du Nord…

De toutes les façons ce n’est pas un problème d’aujourd’hui. C’est un gros problème, nous l’avons eu ce problème. Mais, j’ai eu à m’expliquer. C’est les colons français qui ont poussé les touaregs à se dresser contre nous. On connait le Nord, il y a des colons qui se sont mis en boubou et en turbans et qu’on a failli capturer. Nous l’avons réglé ce problème. En 1963, ça a commencé, ça avait repris bien après, lors que l’État a commencé à être autre chose. Mais, ce problème aujourd’hui, vous n’arriverez jamais à le régler par des voies et méthodes bureaucratiques. J’ai lu dans un de vos journaux qu’il faut faire appel au peuple, mobiliser le peuple. C’est ce que nous avions fait, je ne comprends pas qu’on puisse compter uniquement sur l’armée pour ça. Et la population et les jeunes qui sont dans les villages ? Nous nous sommes condamnés à être victimes, on appelle l’armée, les rebelles arrivent, ils nous tuent, ils s’en vont, l’armée vient. On appelle l’armée, elle n’est pas là, personne ne réagit. Non ! Vous ne vous s’en sortirez pas comme ça ! Il faut mobiliser la population, il faut qu’il y ait des comités de vigilance, modèle algérien pourquoi pas. Il faut nécessairement que chacun image que c’est notre problème à chacun de nous. Ce n’est pas le problème de l’armée, c’est notre problème ! C’est nous qui sommes les victimes. On remet tout ça à l’armée, l’armée n’est pas là, on croise les bras ? On pleure ? Qu’on crée des comités de vigilance, on surveille, on veille autour des mosquées des propagandes qui incitent les gens à la violence. On nous tue parce qu’eux sont les vrais musulmans, nous nous sommes autre chose. On les laisse parler, après ils deviennent des prophètes ; Amadou KOUFA, ça a commencé comme ça. Chacun est concerné, chacun est insulté, chacun est menacé, il faut que chacun se dise, je dois, tout faire pour me défendre. Il faut que le village se défende, que le village ait son comité de vigilance, que le village ait ses anciens combattants qui vont apprendre à vous servir des fusils, il faut apprendre à se défendre. Je me souviens, nous avons fait l’armée, tous les cadres de Modibo KEITA, les ministres hommes, les responsables femmes ont fait la préparation militaire. Tous hommes et femmes, nous avons tous fait la préparation militaire. Quand j’ai été demandé une fois des armes à la Chine, le Président MAO m’a dit, mais toi est-ce que tu as fait l’armée. J’ai dit non. Il dit moi non plus, je n’ai pas fait l’armée, mais j’ai battu les maréchaux, et toi ? Tu veux des armes, tu te débrouilles, il faut que tu ailles faire la préparation militaire. J’ai été (photo en train de manier les armes à Pékin, pendant 15 jours dans une caserne en 1965). Après, le Président MAO dit donner lui tout ce qu’il veut.

Si vous laissez tout aux mains de l’armée, c’est votre problème. Nous allons tous en périr. Il faut vous lever hommes, femmes, jeunes. Si cela est connu, nous ne serons plus la risée du monde. Mais, si nous jouons à la victime, en insultant les militaires, on va rester comme ça. Le Mali est devenu autre chose, ça, c’est autre chose, ça, ce n’est pas notre Mali, ça n’a rien à avoir (3 fois). Sommes-nous pour les Occidentaux. Posez la question à vos dirigeants, à Ibrim. J’ai vu ici 11 MIGS morts, l’armement qu’on avait. À l’attaque de Konna, on avait qu’un seul hélicoptère, quand les Français sont arrivés, ils nous ont écartés de tout. Ils sont devenus maîtres du pays, vous ne le savez pas ? Vous n’avez pas honte ? Poser la question à vos dirigeants, ce n’est pas à moi.

Il faut m’aider à aider votre pays, il faut absolument vous attaquer aux corrompus, vous attaquer à la déliquescence financière, vous attaquer aux voleurs. Il faut assainir le Mali, c’est dur hein !

Transcrit par Hamidou TOGO

Source: Info-Matin

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