Maintenant que notre pays est presque rendu ingouvernable en tant qu’entité unitaire et souveraine, que la situation semble nous échapper au nord et au centre, et si on posait les bonnes questions dans le but de stopper net la progression du fléau, qui croit comme s’il était savamment orchestré et entretenu !
De l’accession de notre pays à l’indépendance à nos jours, les pouvoirs successifs ont connu leurs oppositions qui ont souvent déstabilisé le régime en place. Le Mouvement démocratique, sous la IIème République est la seule opposition jusque là, à avoir réussi à faire tomber le régime en place (en considérant que le CNRDRE n’était pas en mission du RPM au moment du putsch de la junte contre le Président ATT, le 22 mars 2012).
Depuis l’indépendance du Mali, les rebellions du nord sont les seules à avoir recouru aux armes contre l’Etat et sa souveraineté, portant dans leurs besaces des revendications irrédentistes. Par ce moyen, les rebelles ont engrangé des acquis énormes, la reconnaissance, le mérite, les honneurs, le pouvoir et des promesses, devenant ainsi « les ex-rebelles ».
Comme si l’absence de l’Etat malien au nord du Mali (armée, administration, eau, école, santé) ne suffisait pas, le centre du Mali devient incandescent, avec en plus, une croissance de la fracture intellectuelle par la destruction des écoles conventionnelles. Des localités du centre rendues explosives et qui brûlent réellement avec une absence de l’Etat, une absence de gestion aussi bien des conflits latents que des ressources de tous ordres : humaines, naturelles ou minérales. Ainsi des conflits latents deviennent des conflits armés entre communautés, avec le risque de le devenir entre ethnies, si nous ne posons pas les bonnes questions. Et surtout nous hâter de les répondre pratiquement. Plus de 1 200 personnes tuées au centre, ces deux dernières années : civiles et militaires des casques bleus, de Barkhane et des Famas. Qui tire les marrons du feu de l’enfer malien ? Qui y tire bénéfice à court moyen ou long terme ? Avons-nous plus de salut à combattre qu’à dialoguer ?
B. Daou
Le Républicain