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Crise multiforme : Jusqu’où ira le malaise malien?

Le pouvoir malien arrive à contenir les velléités de manifestation à Bamako. Le blocage de certains lieux publics par les forces de l’ordre a pu perturber le rassemblement des opposants le samedi dernier. Mais le coup de force du gouverneur peut créer un esprit de corps.

Assiste-t-on à l’éclosion d’un Etat policier au Mali ? Toute porte à le croire. Au nom de l’état d’urgence, les droits constitutionnels des Maliens sont entrain d’être foulés : Ras Bath a été obligé de transformer sa marche en conférence de presse le lundi dernier, les associations de défense des droits de l’homme ont été aussi empêchées de manifester le mardi 11 décembre dernier. Les coalitions politiques méditent sur l’échec de leur manif du week-end dernier. L’opposition a été en effet empêchée une fois de plus de manifester. Le grand rassemblement populaire du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de la Coalition des Forces patriotiques (COFOP) et de l’Adema Association prévu, le samedi 15 décembre 2018 dans l’après midi à la Place de la liberté de Bamako, n’a pas pu se tenir. Si, le 8 décembre dernier, les manifestants ont pu se rassembler et on été, par la suite, réprimés, cette fois-ci, le samedi 15 décembre 2018, ils n’ont pas pu se rassembler à cause de l’impressionnant dispositif sécuritaire qui était déployés dans les grandes artères du centre ville de Bamako. Du 2 juin au 15 décembre, cela fait au moins la quatrième fois que l’opposition a été empêchée de manifester.

L’opposition va-t-elle jeter son dévolu sur les périphéries de la capitale? Les mécontents de la République vont-ils s’unir? L’élément déclencheur d’une telle fusion des contestateurs pourrait bien être les réformes envisagées par le gouvernement qui fait visiblement cavalier seul.

Pour l’instant, le pouvoir ne peut pas compter sur les syndicats qui sont déçus par le traitement de leurs doléances. Par ailleurs, les centrales syndicales ont sollicité en vain une gouvernance partagée, fondée sur des concertations nationales que les forces vives appellent de tous leurs vœux.

Le pouvoir aura également à faire avec un milieu religieux non acquis à sa cause lorsqu’il s’agira de mettre en œuvre les réformes programmées. Ce qui est certain, le camp du Cherif de Nioro ne fera pas cadeau au régime dans les conditions actuelles. Et tout indique qu’une fronde religieuse beaucoup plus virulente attend le gouvernement sur des questions morales et sociétales qui pourraient se greffer aux autres motifs de mécontentement.

La vidéo récente de l’Imam Mahmoud Dicko n’est qu’un signe précurseur du clash que doit redouter le pouvoir. Surtout en raison de l’effritement de l’état de droit dans le centre et au nord du pays qui échappent au contrôle de l’Etat central. Hors, une bonne partie de l’opinion peut être mobilisée par l’Imam Dicko dans cette zone sensible du pays.

Autre couche susceptible de brouiller les cartes pour le gouvernement: le monde scolaire. Les restrictions de manifestations pourraient pousser la contestation dans le milieu scolaire, provoquant des troubles dans des coins difficiles à maitriser dans la capitale. A cela, il faut ajouter un mécontentement général se traduisant par un désamour entre les autorités et les citoyens.

Seul un dialogue peut éviter le pire, mais les protagonistes de la vie publique n’arrivent pas à ressouder les liens entre les  fils du Mali. Les religieux qui se sont donnés la mission de prévenir l’enlisement en rencontrant l’opposition la semaine dernière, jouent la dernière carte de l’apaisement.

Il faut agir vite avant que les contestateurs ne soient inspirés par la célèbre formule du manifeste communiste: « prolétaires de tous les pays, unissez-vous !» Seul le président peut débloquer la situation, mais l’on imagine mal IBK faire violence sur lui-même pour rassembler les forces vives du pays.

 

Soumaila T. Diarra

Le republicain mali

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