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Epinay : déferlement d’émotion après la mort de Zacharie

monique coulibaly mere zacharie

La famille Coulibaly a laissé sa porte grande ouverte, dans la cité d’Orgemont, à Epinay. « Jeudi soir, il y avait encore des gens plein l’appartement jusqu’à 2 heures du matin », confie Monique, la maman. Depuis la médiatisation de la mort de son fils Zacharie, 10 ans, décédé dimanche aux urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, une vague de solidarité et d’émotion a submergé le petit quatre-pièces de cette famille d’origine camerouno-malienne. L’onde de choc s’est propagée jusqu’à Douala au Cameroun. « Je n’avais prévenu personne, mais on m’a reconnue sur Internet grâce au boubou que je portais, c’est celui qu’on met au Cameroun pour célébrer la mémoire des morts », explique Monique. Esquissant un timide sourire, elle glisse : « Zacharie est devenu l’enfant de tous. » Des anonymes se pressent en bas de l’immeuble, chargés de provisions, ou pour déposer une enveloppe destinée à financer le voyage au Mali pour les obsèques. Cependant, ce sont les visites des copains de Zacharie qui la chavire le plus : « Est-ce que c’est vrai que mon copain, il est parti ? me demandent les enfants. Leurs parents me disent qu’ils pleurent et ne peuvent pas dormir. » Anéantie après la mort encore inexpliquée de son fils, elle a regagné en combativité, encouragée par ces nombreux témoignages. Une situation qui tranche singulièrement avec la grande solitude de cette famille la nuit du drame. Ni les pompiers ni le Samu n’avaient jugé bon de se déplacer pour transporter à l’hôpital leur enfant qui souffrait d’insoutenables douleurs au ventre.

Hier, au téléphone, Stéphane Troussel, président PS du conseil général, leur a adressé ses condoléances. Le parquet de Bobigny a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. La ministre de la Santé a confié une enquête administrative à l’agence régionale de santé (ARS). Marisol Touraine a ajouté « qu’elle suivra avec la plus grande attention l’évolution de cette enquête. Elle informera personnellement la famille de ses conclusions et des suites qui lui seront données ».

Les résultats d’une nouvelle autopsie ordonnée par la justice étaient attendus dans la soirée. L’examen réalisé par l’hôpital avait conclu à un décès dû à une malformation cardiaque et non à une péritonite comme cela avait été diagnostiqué par les urgences.

Aujourd’hui, un grand rassemblement public se tiendra en présence de la famille, dans une salle de la rue Félix-Merlin à Epinay, pour rendre un dernier hommage à Zacharie.

Cependant, la colère de cette maman de quatre enfants reste intacte. Elle ressasse toujours la même question : « Où était le chirurgien qui devait opérer en urgence ? Je l’attendais depuis 6 heures du matin. Il s’est présenté quand mon fils était en train de mourir, trois heures plus tard. Je voudrais qu’il me réponde », implore-t-elle, peu convaincue après les déclarations du médecin devant les caméras. « Il a dit qu’il était là depuis les premiers instants. Mais, moi, je n’ai vu son visage que quand mon enfant était au plus mal ! » L’hôpital Delafontaine se défend, assurant avoir pris en charge l’enfant dès son arrivée. De son côté, le directeur du Samu 93, joint sur son lieu de vacances à l’étranger, explique que M me Coulibaly n’a pas précisé au téléphone qu’elle n’était pas véhiculée. Quand Monique a appelé le Samu, sur le conseil des pompiers, on lui a dit qu’elle devait emmener elle-même son fils aux urgences.

Six jours après la tragédie, Monique Coulibaly se raccroche à cette obsession : « Je ne veux plus que cela se reproduise pour un autre enfant. » D’autant que, depuis son drame, elle a reçu des témoignages de parents qui eux aussi avaient appelé les secours en vain.

Le Parisien

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