Elle devrait contribuer à l’attractivité du secteur de l’agriculture pour la promotion de l’emploi et de l’insertion des jeunes

La problématique de l’insertion des jeunes dans le tissu économique de manière générale et dans le secteur agricole en particulier est au cœur des stratégies et dispositifs d’emploi des jeunes dans les pays en développement, eu égard, d’une part à l’arrivée massive sur le marché d’emploi de cette frange de la population chaque année (180 000 jeunes ruraux arrivent sur le marché du travail au Mali), et d’autre part au fort potentiel d’insertion que constitue l’agriculture.
Notre pays connaît le problème et pour y faire face, il s’est doté de structures et programmes en charge de l’emploi des jeunes. Cette volonté s’est concrétisée par, entre autres, la création d’un ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, d’une Agence nationale de l’emploi (ANPE), d’une Agence de l’emploi des jeunes (APEJ) et d’une Agence pour la promotion de l’investissement privé (API Mali).
En plus de ces structures et programmes, le gouvernement s’est doté d’un Schéma directeur régional de formation technique et professionnelle, d’un programme multifonctionnel et de plusieurs fonds pour l’emploi des jeunes, notamment le Projet de formation professionnelle, d’insertion et de l’entrepreneuriat des jeunes ruraux (FIER), le Projet de développement des compétences et emplois des jeunes (PROCEJ), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ), le Fonds d’appui à la formation professionnelle et de l’apprentissage (FAFPA).
Malgré, la volonté politique du gouvernement et l’appui de ses partenaires au développement, la question de l’emploi des jeunes et surtout de l’attractivité du secteur agricole en relation avec l’emploi des jeunes, se pose avec acuité. Alors, questions : comment les politiques actuelles répondent-elles aux enjeux de l’emploi des jeunes ? Quels sont les liens entre la politique agricole du Mali et la politique de l’emploi ? Quels rôles les jeunes peuvent-ils jouer dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et quelles dispositions devraient être mises en œuvre pour qu’ils jouent leur rôle dans l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Mali ? Quelles sont les contraintes qui empêchent l’insertion des jeunes dans le monde du travail et celui de l’agriculture en particulier?
Afin de répondre à ces différentes interrogations, le Réseau AgriProFocus Mali, dont la mission principale est le développement de l’entreprenariat agricole, entend, avec d’autres acteurs, promouvoir les échanges et les débats sur la problématique de l’emploi des jeunes. D’où l’initiative d’une caravane des jeunes pour l’entreprenariat agricole dans les régions de Mopti et Ségou les 20 au 25 octobre derniers.
Intitulée le « Retour des jeunes à la terre », la caravane a été organisée en collaboration avec le Conseil national de la Jeunesse (CNJ), le Club pour l’entrepreneuriat Mali, Caritas-Mali, AJA-Mali, GYIN-Mali, Swiss Contact et la Jeune chambre internationale (JCI), Give1Project. Son objectif principal : contribuer à l’attractivité du secteur agricole pour la promotion de l’emploi et de l’insertion des jeunes dans le secteur agricole afin d’améliorer la souveraineté alimentaire dans notre pays.
La caravane a aussi offert l’occasion d’un état des lieux des enjeux et des principales contraintes de l’emploi des jeunes dans le domaine de l’agriculture, d’un échange sur les stratégies à développer pour une meilleure articulation emploi des jeunes et agriculture. Elle a également permis de sensibiliser les jeunes sur les opportunités locales et de plaider pour l’investissement sur l’emploi des jeunes à travers l’entreprenariat agricole.

FERMES ET CHAMPS VISITES. Lancée par le directeur général de l’APEJ, Amadou Cissé, la caravane a parcouru pendant 5 jours le trajet Bamako, Fana, Ségou, Niono, San et Mopti. Elle a pris la route avec 70 jeunes porteurs de projets dans le domaine.
A chaque étape, les caravaniers ont visité les champs, les unités de production et de transformation comme, Danaya Céréales à Dialakorobougou, l’usine Prosema de Fana. Si Danaya céréales valorise les céréales par la transformation, Prosema transforme spécifiquement le sésame. Particularité : au passage des caravaniers, les deux unités étaient à l’arrêt, faute de matière première disponible.
A Ségou, la caravane a organisé une conférence sur des thèmes intéressants comme les échanges d’expériences et la présentation des techniques d’élaboration de plans d’affaires.
L’étape mopticienne a débuté après le cercle de Tominian où les caravaniers ont discuté avec la coopérative « Benkadi » spécialisée dans la transformation agro-alimentaire. A Mopti, plusieurs fermes et champs ont été visités. Des ateliers sur la question de l’emploi des jeunes dans le secteur agricole ont été initiés aussi bien à Ségou qu’à Mopti.
Le forum de Ségou a été une opportunité pour les structures et programmes d’appui à l’insertion des jeunes de discuter avec les caravaniers des offres et produits de services. Il a aussi permis de confronter l’offre de services des structures et programmes d’emploi des jeunes, notamment l’APEJ, l’ANPE, le PRICEJ, le FIER et les ONG comme Swiss Contact ou AJA-Mali.
Le forum de Mopti était centré sur le renforcement des capacités des jeunes et sur le financement de l’entreprenariat des jeunes. Les institutions de financement et les services d’appui ont ainsi pu décrire les produits et services disponibles pour l’appui à l’entreprenariat.
Dans chaque région, une « nuit des sponsors » a été célébrée sous la forme d’un espace de débats qui a permis aux organisations de producteurs ainsi qu’aux sponsors de mettre en lumière leur savoir-faire, leurs produits et leurs services.
Les caravaniers ont identifié des entreprises dans différents secteurs agricoles, des institutions de financement et prestataires de services d’accompagnement pour la création de leurs entreprises respectives. Les choses sérieuses peuvent maintenant commencer.

M. A. TRAORE

source : Essor