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Entre Nous : Un soutien qui fragilise ?

Appelez ça comme vous voulez ! Un soutien qui livre à l’ennemi vos atouts n’est pas un soutien. Et, au lieu de se taire, ceux à qui ces actes inqualifiables sont censés profiter devraient réagir autrement.

Colonel Assimi Goïta a présidé le 9 août 2022, à l’aéroport international Président Modibo Kéita, la cérémonie officielle de remise d’aéronefs et d’équipements aux Forces armées maliennes. Il s’agit d’avions de chasse, d’hélicoptères d’attaque et de manœuvre, d’avions de transport destinés à renforcer les capacités opérationnelles de l’Armée de l’Air. Assumant actuellement les plus hautes responsabilités de l’Etat, les jeunes officiers prouvent leur ferme volonté de doter le Mali d’une armée nationale apte à faire payer à l’ennemi les dramatiques et humiliants revers que ce dernier lui a infligés depuis une décennie. Par cette mission régalienne qu’ils se sont assignée, ils ambitionnent ainsi de protéger contre les forces obscurantistes une population traumatisée par de longues années de massacres et de violences de toutes sortes. Ils entendent redonner à l’Etat sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Cependant cette noble mission mise à mal par un phénomène prenant de l’ampleur et hautement préjudiciable à l’Armée et aux autorités actuelles qui ne semblent pas en prendre conscience. C’est cette étrange communication autour de ces acquisitions de matériels et d’équipements militaires à laquelle s’adonnent des «soutiens activistes» aussi zélés que légers.   S’ils ne sont pas en train de publier et commenter les images de nos outils de défense sur les médias et réseaux sociaux, les voici, le torse bombé et la tête grosse comme ça, en train de décortiquer, de plateau de télévision en plateau de télévision, de studio de radio en studio de radio, tout sur notre Armée. Par patriotisme ? Allez savoir leurs motivations réelles! Mais une chose est certaine : pour fragiliser et faciliter la tâche à  notre ennemi, il n’y a pas pire façon de s’y prendre. Les voilà en train de jeter à la face de l’ennemi des détails ‘’classés secrets défense’’ car l’ennemi est ici, parmi nous, toujours à l’affût, toujours actif.

Il a sur place, sur l’écran de son téléphone et de son poste téléviseur sans déployer le moindre effort, ce dont il a besoin de savoir sur nos moyens de défenses grâce à ces étranges patriotes qui le lui servent gratuitement. Ainsi édifié, il a le loisir de changer de mode opératoire pour faire encore plus et toujours par surprise. Quel drôle de soutien ! La guerre asymétrique menée par les groupes armés radicaux est difficile à gagner. L’ennemi sans visage ni foi ni loi a plusieurs tours dans son sac. Tout porte à croire que c’est un combat de longue haleine qui nécessite, au – delà de la dimension militaire, la combinaison de plusieurs paramètres. Dans tous les cas, il est impérieux pour chaque citoyen d’adopter une posture de défense patriotique. En s’abstenant de dire  du n’importe quoi sur l’armée et ses acquisitions. Mais ce qui est troublant dans tout ça, c’est le silence assourdissant des décideurs face à la liberté de parole et d’action de ces communicants devenus subitement des experts en question de défense et de sécurité ou en géopolitique. Ces dérives ne semblent déranger personne aux niveaux décisionnels de l’Etat ! L’inertie manifeste du ministère de la Défense et des Anciens combattants et de sa Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) face à de telles pratiques en ajoute à la grande confusion. Il y a évidemment de quoi se perdre en conjectures.  Le Mali est l’un des rares Etats de la planète- à supposer qu’il  existe d’autres- où l’on expose sur la place publique les sujets sensibles sur la défense nationale. Ces questions de défense et de sécurité qui ne devraient pas être traitées de la sorte pour éviter de fragiliser davantage notre pays. Nous sommes en guerre depuis plus d’une décennie dans un environnement international qui se bipolarise avec de plus en plus d’hostilité. Dans un tel contexte, certaines pratiques risquent de rattraper leurs auteurs. Et plus tôt qu’ils pensent.

Par Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger

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