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Entre Nous : Pourquoi l’Etat doit annuler la cession de l’INA…

L’interpellation de la ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme par le Président de la Commission Education Culture, Emploi du Conseil national de Transition (CNT), sur la cession du bâtiment abritant l’Institut national des Arts (INA) a de nouveau focalisé l’attention sur la calamiteuse gestion du patrimoine immobilier de l’Etat ces dernières années.

 

Ainsi la question de Magma Gabriel Konaté : ‘’comment peut-on vendre cet institut qui a vu beaucoup d’artistes passer, des gens qui ont fait le bonheur du peuple malien et qui ont fait rayonner le nom du Mali au-delà de l’Afrique’’, Mme Kadiatou Konaré a répondu : ‘’Oui, l’INA a été cédée au grand dam de tous les amoureux des arts et de la culture’’.

Voilà qui vient de confirmer la révélation faite en octobre 2020 par «L’Inter de Bamako» que le bâtiment de l’INA, avait été vendu quelques semaines après le renversement du Président Ibrahim Boubacar Kéita et son gouvernement par les Colonels du CNSP.

Cette interpellation devant le CNT a suscité une grande indignation au sein d’une frange importante de l’opinion. Françoise Wasservogol fouille dans ses archives. Elle retrace l’historique de l’INA. «Créée en 1933, l’Ecole artisanale du Soudan a comme objectif la formation des artisans soudanais. En 1948, elle prend le nom de Maison des Artisans soudanais. Après l’Indépendance, la Loi n°63-98/ANRM du 30 décembre 1963 « porte création de l’Institut National des Arts (INA). » . Une façon intelligente de rappeler toute la dimension historique du bâtiment qui abrite l’INA. En réaction à cette publication de Françoise Wasservogol, l’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra écrit : «Il faut vraiment être habité par la malédiction pour avoir l’idée de vendre des vestiges historiques de cette nature. Il y a des choses qui valent mieux que l’argent. S’il ne tenait qu’à moi, l’Etat résilierait ce contrat de vente pour cause d’utilité publique. Nous avons besoin de nos vestiges historiques».

Comme l’INA, plusieurs bâtiments publics ont été bradés à de vils prix par des cadres véreux de l’administration publique qui ont fait du mandat N°2013/0001/MLAFU-SG un fonds de commerce et occasionné de lourds préjudices à l’Etat.

La ministre Kadiatou Konaré a raison. Des «joyaux architecturaux, des lieux de mémoire» comme l’INA ne doivent pas être cédés. L’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra a vu juste en disant que «nous avons besoin de nos vestiges historiques».

En cédant ainsi un bâtiment aussi symbolique qu’historique, ils ont vendu une partie de l’histoire soudano-malienne. Ceux ou celles qui ont pris la lourde responsabilité de céder le bâtiment de l’Ina sont comparables à ceux qui ont détruit les biens culturels à Tombouctou et ailleurs. Si le Premier ministre de Transition et ses ministres en charge respectivement des Domaines, de la Culture et de l’Economie ne prennent pas des dispositions urgentes pour annuler la cession de l’INA, ils se rendraient coupables de destruction de biens historiques et culturels devant l’histoire.

Vaste mouvement citoyen de pression

Ils ne seront pas les seuls coupables. Car le seraient aussi tous ces amoureux des arts et de la culture et autres défenseurs du patrimoine culturel qui assisteront sans réaction à la démolition de ce joyau architectural. Albert Einstein ne disait-il pas que «le monde se sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire».

Il faut – ici et maintenant – un vaste mouvement citoyen d’indignation et de pression afin de ramener le Gouvernement de Transition à résilier le contrat de cession de l’INA.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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