Le Président de la République française, Emmanuel Macron, lors de sa visite aux militaires de l’opération Barkhane, s’est adressé à l’Algérie en ces termes : « J’aurais une exigence renforcée à l’égard de l’Algérie… J’en ai parlé il y a quelques jours au téléphone avec Abdelaziz Bouteflika…Je lui ai fait part (…) de mon souhait de pouvoir en parler avec l’Algérie de manière très franche…. »
Des accusations à peine voilées contre l’Algérie, présentée à tort ou à raison comme le manitou protecteur d’Iyad Ag Aghaly, grand terroriste pour les uns et grand djihadiste pour les autres. La sortie presque musclée du successeur de « Papa Hollande » contre l’Algérie cache mal une certaine démagogie. Le voleur qui crie au voleur ! Est-on tenté d’affirmer. Le nord du Mali est devenu un terrain où se dessine une farouche rivalité entre les services de renseignements algérien et français avec ceux du Maroc en embuscade. Chaque pays cherche à placer ses pions pour maintenir son influence.
La France supporte mal le soutien de l’Algérie qui a au moins le mérite de ne pas réclamer la partition du Mali. Le pays du Général De Gaule sait que l’Algérie d’Ahmed Ben Bella ne veut pas d’une présence étrangère surtout française à ses portes. Les généraux qui détiennent les pouvoirs à Alger considèrent la crise au nord du Mali comme une question de sécurité intérieure et sont prêts à tout pour contrer toute velléité d’intrusion sur leur sol. C’est une question de vie ou de mort. Pour briser l’élan des séparatistes du Mouvement National pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui pourrait avoir des ramifications un jour ou l’autre sur son territoire, l’Algérie a actionné le réseau islamiste.
Dans la crise qui secoue le nord du Mali, la France et l’Algérie sont comme la peste et le choléra. Si la position du pays d’Abdelaziz Bouteflika est condamnable surtout compte tenu du rôle historique joué par le régime du Président Modibo Kéïta dans la lutte pour l’indépendance contre le colon français, celle de la France est encore haïssable. A tous points de vue, l’ex-puissance coloniale est pire que l’Algérie. Des hauts fonctionnaires et hauts gradés maliens sont reçus par des officiels français en dehors du cadre formel entre les deux pays.
Ce que l’ancienne puissance coloniale ne dit pas, c’est qu’Iyad Ag Aghaly et consorts constituent un rempart contre ses projets visant à faire main basse sur le nord du Mali. La déclaration d’indépendance de l’Azawad faite sur le sol français par les traîtres du MNLA a échoué quelque part grâce aux islamistes dont Iyad Ag Aghaly. La France veut imposer les imposteurs du MNLA comme des acteurs incontournables. Tout le monde se souvient de la déculottée du MNLA à Gao face aux islamistes. Il est aussi connu de tous que le MNLA est revenu dans les bagages de l’Opération Serval pour occuper honteusement la ville de Kidal en lieu et en place de l’armée malienne, seule habilitée à détenir le monopole de la force dans la République du Mali.
Tous ceux qui bloquent la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation n’obéissent pas à Alger. Certains sont pistonnés par des lobbies français tapis dans les rouages du pouvoir.
Que peut faire le Mali ? Ce n’est pas une gouvernance erratique caractérisée par la fuite en avant qui peut se tirer d’affaires dans cet imbroglio franco-algérien. L’équipe en charge de la conduite des affaires publiques au Mali, incapable de fédérer les composantes de la société pour faire face aux défis, a courbé l’échine sous les pressions de la communauté internationale qui décide du sort du Mali sans les Maliens.
Seules une gouvernance vertueuse et une union sacrée de toutes les forces de la nation peuvent permettre de sauver la République qui court inéluctablement vers une probable désintégration.
Par Chiaka Doumbia
Par Le Challenger