Le bras de fer s’intensifie entre le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP) et les autorités maliennes.
Dans une atmosphère déjà tendue, le syndicat a confirmé ce dimanche 6 juillet le maintien de sa grève de 144 heures, prévue du lundi 7 au vendredi 11 juillet 2025. Objectif, protester contre le silence, dit-on « méprisant » des autorités face à des revendications jugées légitimes.
À travers une déclaration ferme, le Secrétaire général du SNESUP, Dr Alou Diarra, a dénoncé ce qu’il qualifie d’indifférence persistante et provocatrice du gouvernement. Dans le viseur du syndicat, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est accusé de sabotage du dialogue social. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Une erreur de nom dans une lettre officielle du ministère, datée du 26 juin, adressée aux directeurs d’établissements, où le nom du signataire du préavis de grève est curieusement transformé de « Alou » en « Aliou » Diarra. Un détail, en apparence, mais perçu comme une manœuvre de discrédit visant à individualiser une lutte syndicale collective.
Le Comité Exécutif National du SNESUP ne mâche pas ses mots. Dans une lettre de protestation musclée, il dénonce le ton « menaçant et irrespectueux » du ministère, accusé de vouloir imposer le silence par l’intimidation, notamment à travers l’annonce de retenues sur salaire. «Le ministre n’est ni notre employeur, ni le gestionnaire des salaires. Il agit dans l’illégalité », tonne le syndicat, qui rappelle que le droit de grève est garanti par la Constitution et ne peut être muselé par des sanctions arbitraires. Plus grave encore, le SNESUP pointe du doigt la rupture du dialogue social, notamment sur des dossiers cruciaux comme la prime de recherche, pourtant prévue par décret présidentiel mais toujours non appliquée. Le SNESUP, loin de reculer, appelle ses militants à la vigilance et à une mobilisation totale. Le syndicat dit se réserver le droit d’exploiter tous les recours légaux pour défendre la dignité des enseignants-chercheurs, et exige un traitement équitable avec leurs collègues de la sous-région, notamment ceux du Burkina Faso et du Niger.
Alors que le secteur de l’enseignement supérieur souffre déjà de retards pédagogiques, d’infrastructures vétustes et de moyens dérisoires, ce nouveau bras de fer syndical vient assombrir l’avenir des milliers d’étudiants. Le SNESUP ne veut plus de simples promesses. Il exige des actes concrets, et vite. Le gouvernement osera-t-il enfin sortir du mutisme et tendre une main crédible au dialogue ? Choisira-t-il l’épreuve de force au risque d’aggraver une crise déjà explosive ? Une chose est sûre, la rentrée universitaire 2025-2026 s’annonce sous haute tension.
Adama Coulibaly