Emmanuel Macron ne peut plus attendre. Déterminé à relancer une dynamique introuvable aux premiers temps de ce second quinquennat, bercé d’une crise à l’autre sur fond de guerre en Ukraine et d’inflation galopante, le président de la République tente de renouer avec la posture réformatrice qui a fait son identité politique et son autorité parmi ses partisans. Avec une carte maîtresse : remettre sur le métier, au plus vite, la très sensible réforme des retraites, avortée lors du premier mandat et annoncée durant la campagne présidentielle. Quitte à mettre le feu aux poudres.

Lors d’une rencontre avec une centaine de journalistes de l’Association de la presse présidentielle, lundi 12 septembre, à Nanterre, le chef de l’Etat a précisé ses intentions et sa volonté d’accélérer. Le gouvernement réclamait déjà des Français davantage d’« efforts » pour traverser la crise énergétique et la transition écologique – tout en promettant de protéger les plus modestes en prolongeant une partie du bouclier tarifaire. Emmanuel Macron s’attelle désormais à préparer les esprits à un « moment douloureux », s’agissant d’une réforme qui « ne fait plaisir à personne ».

L’exécutif compte s’appuyer sur le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), dévoilé par Le Monde, pour mettre en pièces l’idée que les déficits d’après 2023 se résorberont spontanément. « Si on ne fait pas la réforme, ce n’est pas juste », justifie un conseiller de l’Elysée. Le report de l’âge légal de départ et l’allongement de la durée de cotisation, jugé moins pénible pour les classes moyennes, sont les deux scénarios à l’étude. L’ensemble sera assorti d’un système de décote, de prise en compte des carrières longues et des carrières fracturées pour atténuer le choc à l’égard des « perdants ».

Menace de blocage social

La menace du blocage social n’apparaît pas insurmontable aux yeux du président de la République, qui en appelle à l’histoire réformatrice de la CFDT. Laurent Berger, son secrétaire général, avait fini par donner sa chance à l’expérience de gouvernance du Conseil national de la refondation (CNR), pour l’heure très confidentiel, et par souhaiter le dialogue avec M. Macron. Mais la réforme des retraites reste un potentiel casus belli, dans un contexte où le durcissement du texte sur l’assurance-chômage a déjà hérissé les organisations syndicales.

Soucieux d’aller vite, le chef de l’Etat n’exclut pas d’insérer la réforme des retraites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) cet automne. Qu’importe le véhicule législatif tant que la réforme adoptée entre en vigueur, comme annoncé en juin, dès l’été 2023. Un délai extrêmement serré, alors que les concertations n’ont pas encore débuté. « Si le gouvernement prend une mesure d’âge de façon abrupte, brutale (…), là, je le dis, il y aura une conflictualité très, très forte », a prévenu Laurent Berger, sur France 2, lundi matin. Avant de lancer en guise d’avertissement : « Il n’y a pas de débat serein en passant en force par le PLFSS. »

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