Le Tchad dénonce les pressions de Washington exhortant le gouvernement de N’Djamena à organiser des élections législatives “crédibles”, maintes fois reportées depuis 2015, estimant qu’il s’agit d’une affaire strictement interne.
Une injonction vivement critiquée par le Mouvement patriotique du salut MPS au pouvoir depuis 29 ans. “Les élections ne sont pas dictées de l’extérieur. Le Tchad est un pays souverain”, a déclaré le secrétaire général du parti, Mahamat Zene Bada en réponde à la sortie américaine.
Des législatives doivent avoir lieu en 2019, mais aucune date n’a été fixée. “Les élections relèvent de la souveraineté d’un Etat”, a-t-il martelé. Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’ambassade des Etats-Unis à N’Djamena qui se réjouissant de l’engagement pris par le pouvoir d’organiser des élections “cette année” soulignait toutefois l’importance de la crédibilité du processus électoral.
À ce titre, l’ambassade a insisté pour une “autorisation sans délai des partis politiques qui répondent aux critères établis légalement” et sur “le plein respect du droit des citoyens de se rassembler paisiblement, même lorsque le but du rassemblement est de critiquer le régime et d’inciter les citoyens à voter contre le parti au pouvoir”.
Pour l‘état tchadien qui se veut toutefois rassurant, des élections sont prévues “dans le budget de 2019, la Céni (commission électorale indépendante) est mise en place, la classe politique est d’accord pour aller aux élections.
Appel à la communauté internationale
Le président tchadien a menacé la semaine dernière de rétablir la cour martiale, supprimée en 1993, alors que l’est du pays est en proie à un grave conflit intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs. Cette juridiction était compétente pour juger militaires et civils. N’Djamena a aboli fin 2016 la peine de mort, à l’exception des affaires de “terrorisme”.
L’opposition tchadienne, divisée et faiblement représentée, a salué l’initiative américaine.
Ainsi, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) a appelé “les autres puissances occidentales à emboîter le pas aux Etats-Unis pour appeler le Tchad à se conformer à ses principes démocratiques”.
“Il était temps que les partenaires du Tchad qui vivent parmi nous rappellent à Déby les principes élémentaires de la démocratie. Les USA l’ont fait, on attend la France”, a déclaré le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo.
De son côté, le Parti pour les libertés et le développement (PLD) déplore “que le gouvernement tchadien ne soit pas capable d’organiser des législatives à une date fixée et que les puissances occidentales lui dictent de tenir des élections”, a indiqué un responsable de ce parti d’opposition, Mahamat Ahmat Alhabo.
AFP