A une vingtaine de jours seulement du 1er tour de l’élection présidentielle prévu pour le 29 juillet prochain, Me Mamadou Ismaïla Konaté, ancien ministre de la Justice et Garde des sceaux ne croit toujours pas à la tenue du scrutin qu’il affirme impossible. A l’en croire, le contexte sécuritaire, social et politique ne permet pas de garantir le bon déroulement dudit scrutin. « Le Mali du cafouillage et du désordre voudrait s’exprimer le 29 juillet alors qu’il faut plutôt préserver la vie des Maliens », a-t-il dit.
Me Mamadou Ismïala Konaté est certain de ce qu’il affirme quant à la tenue impossible de l’élection présidentielle à la date indiquée du 29 juillet prochain. A chaque évènement, il sort pour étayer ses propos sur un « scrutin impossible »
Déjà dans une Tribune accordée au quotidien français, Le Monde en mars dernier, il avait laissé entendre que le Mali, à l’état actuel, est un grand corps malade qu’il faudra d’abord soigner avant de faire de l’élection une priorité: « Plutôt que d’organiser une élection en juillet, cette nation a besoin de s’arrêter un moment pour un diagnostic sans complaisance ; que ce diagnostic donne lieu à une offre de solutions et de remèdes, largement partagées et acceptées ; et que cette thérapie dure le temps qu’il faut pour guérir un grand corps malade. ».
Trois mois après, l’avocat a été réconforté dans son assertion lorsqu’une trentaine de civils ont été froidement abattus par des chasseurs traditionnels communément appelés Dozos et leurs complices dans le village de Koumaga (cercle de Djéné). Et il n’en fallait pas plus pour que le plus dubitatif des Maliens s’exprime de nouveau. « L’horreur atteint son comble au Mali. La violence est sans limite, la vengeance n’est plus loin et l’émotion n’est plus ressentie par personne même plus la classe politique. Le Mali du cafouillage et du désordre voudrait s’exprimer le 29 juillet alors qu’il faut plutôt préserver la vie des Maliens en les sécurisant davantage pour la paix, la cohésion et la concorde avant tout scrutin », a-t-il posté sur son compte twitter avant de revenir encore à la charge lorsque le Q.G du G5 Sahel a été violemment attaqué à Mopti par des bandits armés.
« Voilà l’ambiance morbide dans laquelle les autorités maliennes installent les Maliens en organisant un scrutin impossible. »
A ses yeux, le contexte du Mali de 2018 est marqué, comme en 2012, par un environnement sécuritaire particulièrement abîmé malgré la signature de l’accord d’Alger. » La situation actuelle, délétère, ne donne pas le moindre signe d’apaisement. Comment organiser une présidentielle dans un tel environnement ? Comment acheminer et installer les urnes et toute la logistique électorale lorsque des bombes sautent et que des mines explosent ? », s’est-il interrogé.
Evoquant la situation sociopolitique, Me Konaté pense que le contexte social notamment est suffisamment mauvais pour prendre conscience que ce vote est impossible mettant l’accent sur le coût de la vie, le chômage, l’état d’esprit de la jeunesse à l’abandon et qui n’a que l’exode comme porte de sortie, l’absence d’infrastructures de base dans les zones rurales et dans le nord, corruption gangrenant la vie économique: « Le décalage est patent entre les attentes des Maliens et les satisfecit exprimés par les pouvoirs publics. »
Fustigeant la gestion du pays, l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, n’épargne pas non plus les leaders d’opposition qui manqueraient de solutions d’alternances. « Les principaux leaders-opposants en sont réduits à lorgner tout simplement le fauteuil présidentiel, pensant que surfer sur une vague anti-IBK suffit pour y parvenir. A leurs côtés apparaissent de nouveaux acteurs politiques plus véhéments, s’exprimant principalement sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas toujours porteurs de propositions alternatives et n’ont pas de réelle prise sur les événements et les populations. Là encore, rien de neuf. », conclut-il.
Alassane Cissouma (Stagiaire)
Les echos