En Egypte, les autorités s’apprêtent à juger vingt journalistes appartenant à la chaîne de télévision Al-Jazira. Sur les vingt journalistes, huit sont actuellement derrière les barreaux, les douze autres étant recherchés par la police.
La diffusion d’informations erronées et, pour certains d’entre eux, le soutien aux Frères musulmans, organisation considérée comme terroriste depuis l’automne dernier, comptent parmi les chefs d’accusation retenus contre le personnel de la chaîne qatarienne. Mais c’est ce dernier point qui pourrait peser le plus lourd, à l’heure du procès des journalistes d’Al-Jazira.
Pour les autorités égyptiennes, les reporters de la chaîne qatarienne auraient collaboré avec les Frères musulmans, en leur fournissant de l’argent, des équipements et des informations. Des accusations rejetées depuis des semaines par la direction de la chaîne qui met en avant le professionnalisme de ses équipes et qui dénonce un acharnement judiciaire visant à éliminer l’un des derniers médias critiques à l’égard du pouvoir égyptien actuel.
Al-Jazira est en effet régulièrement accusée par les autorités de transition d’avoir soutenu Mohammed Morsi avant et après sa destitution, et d’avoir pris fait et cause pour les Frères musulmans. Pour l’organisation Reporters Sans Frontières, les autorités égyptiennes ont de fait engagé une campagne de harcèlement à l’égard des journalistes d’Al-Jazira. Certains d’entre eux sont pourtant des reporters aguerris et reconnus internationalement. C’est le cas notamment de l’Australien Peter Greste, ancien journaliste de la BBC, dont le travail en Somalie a été récompensé par l’un des prix les plus prestigieux de la profession : le Peabody award en 2011.