Le Mali, au cœur du rêve panafricain
Ce dimanche 25 mai 2025, à la Tour de l’Afrique, le drapeau étoilé de l’Union Africaine s’est hissé haut dans le ciel de Bamako, en écho à une histoire profonde, riche et souvent méconnue : celle d’un continent en lutte pour sa dignité, son unité et sa souveraineté réelle. Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, représentant le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a réaffirmé, avec gravité et fierté, l’attachement du Mali à l’idéal panafricain. Cet attachement ne date pas d’hier. Il est inscrit dans l’ADN politique du pays depuis les indépendances, porté à bras-le-corps par l’un de ses plus illustres fils : Modibo Keita, cofondateur de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963.
Bamada.net-À l’heure où l’Afrique commémore les 62 ans de la création de l’OUA – devenue Union Africaine en 2002 – il est impératif de revisiter l’héritage malien dans ce combat collectif pour l’unité et l’émancipation. L’instant est d’autant plus symbolique que le Mali, aujourd’hui encore, se dresse avec courage contre les nouvelles formes de domination, en s’engageant activement au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), avec le Burkina Faso et le Niger, pour refonder la souveraineté sahélienne face aux ingérences extérieures et aux manipulations géopolitiques.
Une mémoire vivante de la lutte panafricaine
Le Mali n’est pas un spectateur de l’histoire africaine. Il en est un acteur central. La genèse de l’unité continentale est marquée par des initiatives précoces comme l’Union Ghana-Guinée, créée en 1958, et étendue en 1961 avec l’adhésion du Mali, devenant ainsi l’Union des États africains. Cette tentative d’union, d’inspiration révolutionnaire et marxiste, fut portée par trois figures emblématiques : Kwame Nkrumah, Sékou Touré et Modibo Keita. Trois hommes déterminés à faire de l’Afrique un continent maître de son destin, refusant les diktats des puissances coloniales et les compromis ambigus des anciennes métropoles.
Modibo Keita, souvent qualifié de figure ambigüe de la décolonisation, n’en demeure pas moins l’un des pères les plus constants du panafricanisme. Son engagement allait au-delà de la rhétorique. Il plaçait l’unité africaine au cœur du projet politique malien, en y inscrivant noir sur blanc que le Mali était prêt à abandonner tout ou partie de sa souveraineté nationale pour construire une fédération africaine libre, solidaire et forte. Une posture audacieuse que peu de dirigeants d’alors – et encore moins d’aujourd’hui – ont osé assumer avec autant de clarté et de cohérence.
Une souveraineté consolidée par la Confédération des États du Sahel
Aujourd’hui, le contexte a changé, mais les défis demeurent. Le continent africain, et particulièrement le Sahel, reste la cible de convoitises néocoloniales et de tentatives de déstabilisation, souvent dissimulées derrière des discours de coopération ou de démocratie. Le Premier ministre l’a rappelé avec justesse lors de la cérémonie du 62e anniversaire de l’Union Africaine : le combat pour la dignité, la vérité historique et la justice économique reste entier.
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La Confédération des États du Sahel (AES) incarne cette volonté nouvelle de se réapproprier la souveraineté, en s’appuyant sur les peuples, et non sur les tutelles internationales. En cela, le Mali est à nouveau en première ligne du renouveau panafricain. Loin de se replier sur lui-même, il tend la main à ceux qui, en Afrique, souhaitent une intégration fondée sur la vérité, la responsabilité, la complémentarité et la justice. L’unité ne doit pas être un slogan creux, mais un projet incarné, débarrassé des hypocrisies et des rapports de domination.
L’Union Africaine, entre héritage et renouveau
Fondée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, l’OUA a évolué vers une Union Africaine (UA) dotée d’institutions plus structurées. Pourtant, malgré son ambition affichée de favoriser l’intégration politique, économique et sociale, l’UA peine souvent à répondre aux aspirations profondes des peuples africains. Trop souvent encore, ses décisions semblent dictées par des équilibres géostratégiques extérieurs plutôt que par la voix des peuples souverains.
Le Mali, en rappelant son attachement historique à l’UA, ne manque pas pour autant de lui adresser un message clair : l’heure est venue de dépasser les postures, de s’émanciper des influences parasitaires et de revenir à l’esprit des fondateurs. C’est là, sans doute, le véritable hommage que l’on peut rendre à Modibo Keita et à ses compagnons : faire de l’Union Africaine non plus un simple cadre diplomatique, mais une force concrète d’émancipation continentale.
Conclusion : une Afrique qui se redresse, un Mali qui montre la voie
En ce 25 mai 2025, date charnière, la montée des couleurs africaines à Bamako n’est pas une simple cérémonie symbolique. C’est un acte politique fort, un message adressé au monde : le Mali, malgré les épreuves, demeure debout, fidèle à ses principes panafricains, et plus que jamais engagé à construire une Afrique libre, unie et prospère.
Au moment où les défis s’intensifient, où les pressions extérieures se multiplient, le Mali, fidèle à l’héritage de Modibo Keita, continue de tracer un chemin de résistance, d’unité et d’espoir. Un chemin que d’autres peuples africains sont de plus en plus nombreux à emprunter.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net