L’amateurisme, la prétention et la suffisance sont les caractéristiques principales de la junte. Le guide de la révolution Burkinabé, le capitaine Thomas Sankara n’avait-il pas raison d’affirmer sans ambages qu’un soldat sans aucune formation politique est un criminel en puissance ? Cette assertion sied tellement au contexte actuel du Mali et même à celui de 2012 quand le CNRDRE du capitaine Amadou Haya Sanogo avait pris le pouvoir. La question que l’on doit se poser est celle de savoir si le héros du 18 Août 2020 a tiré toutes les leçons du passé récent du Mali ? Comment dans un contexte d’insécurité où il y a un besoin pressent d’hommes en armes au centre et au nord, que nos braves soldats se bousculent au portillon de l’Assemblée Nationale pour siéger et légiférer ? L’attitude des colonels fortement politisés du CNSP, contribuerait sans nul doute à fragiliser notre outil de défense et à diminuer considérablement la confiance que l’opinion nationale portait en eux.
121 Sièges dont 22 aux forces de défense et de sécurité, 8 au Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques, M5 RFP, 11 à l’ensemble des partis politiques, 9 aux organisations de la société civile, 4 sièges à la presse. Rien qu’en se limitant à ces quelques composantes de la société on en conclurait que les militaires veulent prendre en otage la transition et de surcroit la démocratie chèrement acquise au Mali. Pourquoi 22 porteurs de Kaki et d’armes au sein de l’hémicycle, considéré comme un haut lieu du débat démocratique ? Assimi Goita et ses compagnons d’infortunes ne sont-ils pas en train de préparer le terrain de la présidence du CNT au dernier membre du CNSP, le colonel Malick Diaw ? Ils commettront la plus grosse erreur en nommant 22 militaires au CNT et en imposant le colonel Diaw à la tête de l’institution parlementaire de la Transition. Ils pourraient bien le faire et ils auront même des soutiens au sein de la classe politique et de la société civile, mais devant un peuple déterminé rien ne pourrait l’arrêter et le réveil risque d’être brutal pour les militaires en voyant dans un bref délai, devant le portail de Kati une foule déchainée leur demandant de s’en aller du pouvoir.
Youssouf Sissoko
Source : infosept