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Edito / Modibo Keita : la visite de la dernière chance

 

adam thiam

Jusque-là, Modibo Keita se rendait à Alger en tant que haut représentant du Chef de l’Etat pour les pourparlers inter-maliens.  Son métier et sa personnalité l’aidaient certes à se faire entendre, si quelqu’un peut être entendu dans l’inquiétante cacophonie entretenue autour de la crise du Nord. Mais au plan de la préséance, la position de Modibo Kéita ne devait pas être des plus lisibles entre autant de ministres côté malien et le chef de la diplomatie algérienne qui a la puissance prêtée au sésame. La visite qu’il effectue à partir de demain à Alger est d’abord celle de Modibo Keita Premier ministre du Mali depuis le début de cette année. Elle est ensuite celle de Modibo Keita  non encore remplacé en tant que sherpa d’Ibrahim Boubacar Keita pour lesdits pourparlers.  Un double statut qui confère une importance particulière à ce déplacement au pays de Bouteflika. Surtout en ce moment où trop d’aléas qui viennent compliquer le règlement d’une crise qui n’a que trop duré. La société kel Tamasheq dont une partie est en guerre contre l’Etat est au bord de l’implosion avec en toile de fond des positionnements tribaux. Ceux-ci sont susceptibles de prolonger et empirer la crise du Nord même dans l’éventualité d’un accord entre le gouvernement malien et les groupes armés canal historique.  Il y a ensuite la position désormais inconfortable de la Minusma qui est prise à partie. En tirant sur des manifestants à Gao après avoir tiré sur une colonne du Mnla, l’arbitre onusien est de plus en plus accusé d’être un acteur. A Bamako, l’unanimité est loin d’être faite sur la mouture de ce que devrait être l’accord. Querellant le projet de préaccord soumis à discussion par le pouvoir, partis politiques et sociétés civiles préviennent, en effet, contre toute concession gouvernementale pouvant être une bombe à retardement. Les temps sont d’un gris absolu et Modibo Keita ne l’ignore pas. Arrondir les angles, exhorter les parties au conflits, convaincre tous les autres détenteurs d’enjeux sur les bénéfices de la paix au Mali sont sans doute le mobile de son déplacement. Qu’il arrache ce compromis et une grosse épine est tirée des pieds de la nation, car les questions de forme que soulève l’opposition sont solubles. Mais qu’il échoue et que les négociations imminentes dans la capitale algérienne échouent, la crise malienne fera d’autres hécatombes. Avec pour victime collatérale : un certain Modibo Keita qui aura tout le mal du monde à reconquérir son statut d’autorité morale.

Adam Thiam

 

source : Le Républicain

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