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Edito : L’énergie ou le mouton noir de la transition

La situation énergétique au Mali va de mal en pire depuis la sortie de Mme la ministre sur les antennes de la chaine de télévision nationale. Et pourtant elle avait donné l’assurance que la situation s’améliorait le lendemain de sa grande interview. Il y-a-t-il des non-dits dans ce  désormais sulfureux dossier de l’énergie du Mali ? Mme la ministre maîtrise-t-elle le dossier de l’EDM-sa ? Que cachent réellement les autorités de la transition ? Voici un certain nombre de questions qui taraudent les esprits.

Selon nos enquêtes trois grands obstacles sont à la base de cette situation de quasi privation de courant aux citoyens et entreprises. Le premier obstacle est la mauvaise gouvernance de la société. L’EDM-sa est la seule société qui roule non seulement à perte, mais aussi et surtout qui est gouvernée de la façon la plus artisanale. Elle a été pendant longtemps la vache laitière ou le bureau de placement des dignitaires de tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir. La corruption et le clientélisme y ont été érigés en système de gestion. Le deuxième grand obstacle est sans nul doute la vétusté des infrastructures énergétiques. Depuis plus d’une décennie l’Etat n’investit presque plus pour améliorer les infrastructures énergétiques afin d’améliorer également la prestation de service. Les régimes successifs ont relégué au second plan le problème énergétique alors même qu’il aurait dû être écrit parmi les priorités surtout pour un pays qui aspire à se développer. L’énergie est un indispensable au 21ième siècle car elle est source de prospérité et de développement. Elle est intimement liée  aux activités socio-économiques, bref à la vie même  des citoyens. Le troisième Goulot d’étranglement qui asphyxie la société énergie du Mali est le manque de ressources financières pour faire fonctionner la société.

Pour rappel EDM-sa consomme par jour à peu près l’équivalent d’1 milliard de carburant, ce qui équivaudrait à 365 milliards par an. Pour un pays sous embargo financier qui peine à mobiliser sur le marché financier  régional et qui est en guerre, donc il va de soi que certains secteurs clés en pâtissent. EDM-sa est malheureusement l’une des victimes de la situation financière catastrophique du pays. Les banques qui sont censées voler au secours des sociétés en situation difficile font l’objet de double pression, celle de la banque mère qui est la BCEAO et la pression des autorités de la transition dont beaucoup de sources de financement ont tari. Ne doit-on pas craindre une banqueroute tant la pression est vive de part et d’autre et les ressources se font très rares. En tous les cas les autres secteurs subissent les conséquences de la lamentable situation des banques  qui ont presque cessé de financer les entreprises faute de liquidité. En plus de ces trois goulots d’étranglement qui freinent la régularité dans la desserte du courant,  il faut également s’inquiéter du conflit en cours entre l’Etat et les grandes sociétés de raffinerie et de ravitaillement en hydrocarbure en l’occurrence Total, Shell – Vivo et même d’autres. Selon nos informations la direction de Total a été fermée pour non-paiement d’impôt et qu’il y a  risque que ces grandes sociétés mettent la clé sous le paillasson. Gouverner étant prévoir si cela devrait se passer l’Etat  a-t-il des solutions alternatives pour minimiser les dégâts en trouvant d’autres fournisseurs? Ceux qui ont eu les marchés en fourniture de carburant à l’EDM ont-ils la capacité de le faire ? En attendant d’avoir la réponse à tous ces questionnements les usagers du courant souffrent et ne savent plus à quel saint se vouer. Les petites et moyennes entreprises, les grandes firmes, et les secteurs informels sont presqu’à l’arrêt faute d’énergie. Que dire de l’administration générale qui, en plus de la crise financière souffre également de la crise énergétique, une situation qui joue négativement sur le rendement et la performance.

En somme, le Mali semble subir les conséquences de son isolement diplomatique. En faisant le choix  du seul partenaire Russe, au détriment d’autres, cette situation, plutôt que d’être un avantage est finalement devenue un handicap. Car si la Russie peut aider le Mali sur le plan militaire, elle est loin d’être un bon partenaire économique et financier. Alors le Mali paie le prix de son isolement diplomatique n’en déplaise au ministre des affaires étrangères Abdoulaye Diop qui défend à tous bouts de champ l’anti thèse de cette affirmation.

Youssouf Sissoko               

L’Alternance

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