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Edito : L’écharpe et l’écharde

Un ministre de la République a récemment défrayé la chronique. Elle a toléré, au cours d’une de ces séances de défoulement dont raffolent les responsables de la IIIè République, qu’une participante s’exhibe parée des couleurs du MNLA. La faute est manifeste, elle n’est pas inédite : elle trouve ses origines dans la manière dont le dossier du Nord a été traité après les événements de mars 1991.

Le CTSP, au lieu d’examiner le parti susceptible d’être tiré des Accords de Tamanrasset, a préféré les reléguer aux oubliettes pour s’en remettre à l’étranger afin de trouver une solution à un problème interne. Le concours de deux hommes, deux étrangers aux réalités maliennes et de surcroît, totalement déconnectés des réalités du XXè finissant, Ahmed Baba Miske et Edgar Pisani, fut sollicité. Ils ont préconisé une solution nécessitant une reprise des négociations avec les rebelles. Durant ces négociations, plus d’une faute sera commise discréditant l’Etat, en l’obligeant à reconnaître aux rebelles le statut de représentants d’un Etat cherchant à s’affranchir de la tutelle d’un autre. Signer un pacte avec des rebelles équivaut à leur reconnaître des qualités d’hommes d’Etat.

La première faute a consisté à se laisser imposer un calendrier. Ainsi, les rebelles se donnaient tout le temps de soumettre à l’appréciation d’experts étrangers la portée des propositions du gouvernement pour les accepter ou les refuser.

La deuxième faute a été commise le 27 décembre 1991 quand Baba Akhib Haïdara, plus que sexagénaire, s’est rendu à Paris rencontrer Ibrahim Ag Litny, à peine trentenaire, essuyer ses remontrances avant de lui exposer le point de vue du gouvernement pour une solution de sortie de crise. Mais la faute majeure a été la signature  avec les rebelles du Pacte National, car, à y regarder de près, le Pacte National consacre la reconnaissance d’un Etat par l’Etat malien même si cela n’est mentionné, de manière explicite, dans ses dispositions. Quatre éléments du Pacte vont dans le sens de cette consécration.

Le premier élément est le titre même du document. « Pacte » se définit comme « convention de caractère solennel ou d’importance particulière entre deux ou plusieurs parties » (Le Robert). La République Française fut mise à mal par des contestataires en mai 1968 obligeant Charles de Gaulle à déserter Paris pour se rendre à Baden-Baden, l’armée a été sollicitée afin de perpétrer un coup d’Etat. C’est dire que la situation était suffisamment préoccupante. Pour la débloquer, l’Etat a signé avec les contestataires, non un pacte, mais « les Accords de Grenelle ». Le deuxième élément est la précision qui accompagne le titre : le Pacte est « conclu entre le gouvernement de la République du Mali et les Mouvements et Fronts Unifies de l’Azawad consacrant le statut particulier du nord du Mali».

Cela a été perçu comme une décentralisation. En fait, c’est une forme d’autonomie très poussée par rapport au reste du Mali car la disposition ne concerne que le nord du Mali « appelé par certains l’Azawad »  (Titre I, 1) ; reconnaissance d’autonomie décidée à l’issue de négociations sans que l’Assemblée Nationale ait eu à statuer là-dessus.

Le troisième élément est constitué par les dispositions relatives aux « mesures de restauration de la confiance, de l’élimination de facteurs d’insécurité et d’instauration d’une sécurité définitive » (Titre II, 7-A) : à  travers ces mesures, le Mali apparaît comme un pays vaincu auquel le vainqueur demande de démanteler ses forces armées et de sécurité en les avachissant. Enfin, le dernier élément est constitué par la qualité des signataires du document : au bas du document, un ministre de la République appose sa signature à côté de celle d’un homme sans qualification officielle reconnue.

Ainsi, il y a eu l’écharpe portée par une Kidaloise et la désapprobation somme toute légitime soulevée par son port. Mais par-delà l’écharpe subsiste l’écharde : la rébellion contre laquelle nos gouvernants se révèlent incapables de trouver une solution, Kidal repliée sur ses revendications inadmissibles, retranchée du reste de la République qu’elle ne cesse de narguer.

LA REDACTION

SourceLe Sursaut

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