En 2013, après l’intervention de l’armée française pour libérer la partie occupée du Mali, tout comme Dr Oumar Mariko, j’avais la conviction qu’aucune force extérieure ne saurait prendre notre sécurité en charge et que les forces de l’ONU, partout où elles sont intervenues, n’ont pu apporter la paix. Bien au contraire, elles rendent la situation encore plus compliquée. Aujourd’hui, même avec la présence des forces armées étrangères dans notre pays, nous sommes à un tournant, à tel point que si on n’y prend garde, nous courrons vers une catastrophe annoncée.
En effet, la Mission internationale des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se trouve au carrefour de multiples antagonismes entre les différents acteurs, aggravant la défiance à son égard. Primo, les communautés dénoncent son immobilisme. Secundo, les groupes armés la suspectent de partialité en faveur du Gouvernement. Tertio, le Gouvernement lui reproche de légitimer les groupes armés à travers des programmes de réhabilitation dans des localités où l’administration malienne est absente. En plus de cela, une grande partie de la société civile demande son départ. Selon eux, ces forces étrangères sont à la base de l’embrasement du pays.
Malgré la présence de la Minusma qui est composée d’environ 14.000 hommes et de la force française Barkhane composée d’environ 3.000 hommes, le nombre de morts ne fait que s’accroitre chaque jour que Dieu fait. Que font alors ces forces étrangères au Mali ?
Dans leur mandat, il est dit qu’elles sont là pour jouer un rôle d’interposition. Alors pourquoi sous leurs yeux les communautés s’entretuent au centre du pays ? On a l’impression qu’elles veulent permettre à la minorité de régner sur la majorité sans danger après leur départ. Il faut aussi diviser la majorité en factions haineuses qui s’entretuent. Le renouvellement du mandat de la Minusma est depuis trois mois à l’ordre du jour. Le G5 Sahel n’est qu’à ses débuts cahoteux. Mais, il fragilise déjà suffisamment notre armée et l’expose. Barkhane évolue dans le cadre d’un accord en béton. Elle évolue avec des terroristes en son sein pour aider ses soldats à bouger dans le nord et le centre. Les forces étrangères sont donc encore sur place pour un moment. Cela montre que la majorité n’est pas encore assez divisée et désarticulée. Et qu’il n’y a pas encore suffisamment de haine en son sein. Pas encore assez de Ogossagou. Plus les Maliens se diviseront, plus ils feront le jeu des ennemis.
Et il faudra signaler que cette semaine, la situation au Sahel a fait l’objet d’une réunion ministérielle du Conseil de sécurité à New York après la visite des diplomates au Mali et au Burkina Faso la semaine dernière. Six mois après l’élection du président Keïta, il s’agissait de faire un point d’étape sur les progrès accomplis sur le terrain et notamment dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Mais ce rendez-vous a surtout permis de mesurer le fossé entre la France et les États-Unis sur l’avenir à donner à la Minusma, la mission de l’ONU au Mali dont le mandat doit être renouvelé au mois de juin prochain.
A mon humble avis, le moment est venu de voir si une opération de maintien de la paix est bien le meilleur moyen de régler la crise multidimensionnelle qui prévaut au Mali. Le moment n’est-il pas venu que nous Maliens comptions sur nos propres forces, de circonscrire nos différends. D’équiper suffisamment notre armée et l’a déployé sur tout le territoire, là où ils peuvent aller avec la mission de bon arbitrage entre les différentes communautés. Vu la gravité de la situation de notre pays, embourbé dans un complot international et dans une guerre imposée, nous devons impérativement nous unir pour sauver notre patrie commune. Oui, nous pouvons le faire comme nous avons dit dans notre hymne national que « nous sommes résolus de mourir, pour l’Afrique et pour toi, Mali». Chassons la Minusma et Barkhane de chez nous et ayons confiance à notre vaillante armée pour sécuriser notre territoire et nos biens.
Aliou Touré