Après la volte-face consécutive à son sixième congrès ordinaire, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice a confirmé son entrée définitive dans les rangs de la Transition, la semaine dernière, par une rencontre de haut niveau à Koulouba. Plusieurs des caciques, fraîchement élus ou réélus par les dernières assises, ont en effet été reçus par le chef de l’Etat en personne, dans le cadre d’une entrevue visiblement passée par-dessus la tête du Premier ministre, quoique représenté par son ministre en charge de la Refondation.
Entre les Ruchers et Assimi Goïta, ce n’était pas une simple allégeance, explique une source bien introduite. Leurs échanges directs, à en croire la même source, ont porté essentiellement sur les modalités de la participation du PASJ aux assises nationales, ainsi que sur leurs contenu et vocation. Il nous est par ailleurs revenu que c’était l’occasion pour les Ademistes de faire clairement savoir à leur interlocuteur qu’ils n’en ont pas la même perception ni ne visent-ils la même finalité que l’équipe conduite par Choguel Maïga. Ils auraient en sus convenu avec l’employeur du Premier ministre d’un possible déverrouillage du format actuel desdites assises.
Il n’est donc pas exclu que dans les jours à venir les termes de référence desdites assises soient reconsidérés, corrigés et ouverts au besoin à la touche Ademiste. Les retouches, selon une source concordante, pourraient notamment concernées la substance même de cet événement auquel le gouvernement Dr Choguel Maïga a l’intention de conférer une dimension d’arbitrage de la brûlante polémique autour de la prorogation de la Transition. Nos confidences indiquent que la délégation du PASJ à Koulouba a soutenu, avec force argument, qu’il revient aux hautes autorités de la Transition de lui fixer un délai raisonnable, au lieu de s’engager dans une décision populaire susceptible de réduire leurs marges de manœuvres auprès de la communauté internationale. À leurs yeux, il serait par conséquent mieux indiqué l’élaboration d’un nouveau chronogramme des élections par le ministère de l’Administration territoriale, dans le cadre des traditionnelles concertations avec la classe politique dans son ensemble. Il va sans dire que la refondation tant annoncée pourrait se réduire à la convergence des efforts vers l’organisation des élections, en vue d’un retour plus rapide à l’ordre constitutionnel et institutionnel tel que réclamé par la communauté internationale.
Ce n’est pas tout. De source concordante, la position défendue par les Abeilles à Koulouba avait trait en outre aux liens de dépendance entre les élections et la situation sécuritaire. Pour le PASJ, en clair, le retour à la normalité républicaine ne saurait être subordonné à une stabilité complète du territoire et aux incertitudes qui l’entourent, pour autant que le combat de l’insécurité relève d’une mission permanente des autorités.
Last but not the least, les émissaires de l’ancien parti majoritaire ont également soutenu que l’inclusivité et l’élan collectif que requiert la réussite de la Transition ne sauraient s’accommoder de l’ostracisme et de la stigmatisation caractéristiques de propos séparatistes du genre «l’aile patriotique de l’armée».
Il semble, selon toute vraisemblance, que les plaidoyers n’aient pas manqué de retentir chez leur interlocuteur, lequel les a rassurés de la flexibilité des termes de référence des assises nationales ainsi que de son ouverture à d’éventuelles améliorations au nom d’une participation de large envergure. Toutes choses qui impliquent, en définitive, un changement spectaculaire de la trajectoire sur la base de laquelle Choguel Maïga avait consenti à cheminer avec les «paracheveurs» des manifestations anti-IBK. Reste à savoir si le Premier ministre est disposé à avaler un format différent de l’étendue qu’il a voulu donner aux assises nationales, surtout que des pourparlers directs du chef de l’Etat avec ses adversaires politiques s’apparentent manifestement à un désaveu.
A KEÏTA
Source: Journal Le Témoin- Mali