Visiblement, la deuxième phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens se veut la plus large et la plus inclusive possible. En effet, il nous revient qu’en plus de la société civile qui avait dénoncé sa mise à l’écart lors de la phase initiale des discussions inter-Maliennes d’Alger, des groupes armés récemment créés y participent également. Rappelons que certains parmi eux avaient même menacé de prendre les armes s’ils étaient exclus des discussions (GATIA et MPSA). Finalement, leur participation a été souhaitée et obtenue par les groupes armés signataires de la feuille de route de juillet dernier.
Pourtant ce document qui jetait les jalons des futures négociations devant aboutir à une paix durable et définitive, était très clair sur la nature des participants à la seconde phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger. Il s’agit d’abord et avant tout du gouvernement malien et des six groupes politico-militaires à savoir la coordination des mouvements de l’Azawad qui regroupe le MNLA, le HCUA et le MAA-dissident ainsi que les signataires de la plateforme d’Alger (pro-gouvernementaux que sont la CPA, le MAA-loyaliste et la CM-FPR. Entretemps, des acteurs de la société civile malienne étaient montés au créneau pour dénoncer leur exclusion de la phase initiale des pourparlers avant de réclamer une place dans les futures discussions. C’est ainsi qu’une décision a été prise par l’équipe de médiation dont le chef de file est assuré par l’Algérie pour inviter les représentants des sociétés civiles, du gouvernement et des groupes armés à prendre part à la seconde phase des pourparlers . Leur rôle se limitait à exprimer uniquement les préoccupations des populations à la base. Plus tard, des groupes armés nouvellement créés ont également émis le souhait de participer à ces discussions. Certains iront même jusqu’à menacer de prendre les armes. C’est notamment le cas du mouvement populaire pour le salut de l’Azawad (MPSA-dissidence du MAA). Avant lui, des mouvements comme le groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et une branche dissidente de la coordination des mouvements et forces patriotiques pour la République (CM-FPR2) ont également déclaré leur intention d’être à Alger. Alors que le MPSA et la branche dissidente de la CM-FPR, dirigée par Ibrahim Abba Kantao, rejoignaient la coordination des mouvements de l’Azawad qui réclament un statut particulier pour les régions du nord du pays, le GATIA, lui, a jeté son dévolu sur la coalition composée de ceux qui réclament l’intégrité territoriale du Mali. Pourtant à y voir de plus près, ces ralliements dans un camp ou dans un autre ne sont pas du tout surprenants.
Dans sa déclaration rendue publique à l’occasion du lancement de ses activités dont » L’Indépendant » s’était fait l’écho, le MPSA avait indiqué tout mettre en œuvre, y compris le recours aux armes, pour obtenir l’indépendance des régions septentrionales de notre pays. Au même moment, la CM-FPR2, profitant du boycott des éléments de Me Harouna Touré, était l’invitée spéciale des séparatistes pour participer à la réunion de Ouaga tenue à la veille de la deuxième phase des pourparlers d’Alger. Et ce, alors que le GATIA, qui est un mouvement proche du Général El hadj Ag Gamou (resté loyal aux autorités maliennes) était soutenu par les signataires de la plateforme du 14 juin 2014. On se souvient que l’une des raisons du boycott de la réunion de Ouaga par Me Harouna Touré était liée au rejet de sa demande relative à la participation du GATIA. Il n’est pas exclu qu’il en ait fait de même pour la seconde phase des pourparlers d’Alger.
En tout cas, avec toutes ces sensibilités représentées et l’entrée en scène de nouveaux acteurs, les futures négociations directes entre le gouvernement et les groupes armés, prévues sans doute en fin de cette semaine, promettent d’être très ardues.
Massiré DIOP, depuis Alger
SOURCE: L’Indépendant