C’est la conviction ferme de l’honorable Oumar Mariko sur le projet de loi portant statut de l’opposition. Après avoir voté contre ce projet de loi, il nous explique, dans un entretien, les raisons pour lesquelles lui et les autres députés du parti SADI ont rejeté en bloc ledit projet de loi. Lisez plutôt.
D’entrée de jeu, l’honorable Oumar Mariko a laissé entendre que la loi sur le statut de l’opposition, tel qu’elle a été formulée, est un recul sur le chapitre VII qui crée le chef de file de l’opposition avec un budget, l’aligne pratiquement au même niveau que le Premier ministre d’un coté et de l’autre coté avec le vice-président de l’Assemblée nationale.
« Pour nous, cela a été fait pour créer une société de connivence entre le pouvoir et l’opposition car l’opposition n’aura pas le reflexe nécessaire de porter la parole du peuple et va simplement se contenter de ses prébendes avec le pouvoir », assure l’honorable Mariko. Qui estime que l’existence des partis doit être de plus en plus idéologique.
« Les Maliens disent que tous les partis politiques sont pareils, c’est parce que les gens ne se retrouvent pas dans les partis politiques pour leurs idéologies, leurs visions, leurs orientations. » souligne Oumar Mariko. Qui se demande comment un chef de file de l’opposition qui est choisi sur la base du nombre de députés, et conseillers municipaux en termes de doyen d’âge peut représenter des partis politiques ? Selon lui, ces critères sont loin d’être des valeurs politiques puisqu’un parti politique se reconnait par son idéologie.
« Si on essaye de faire porter la parole d’un parti de droite par celui de gauche, on va certainement brimer la parole du parti de droite et vice versa. C’est comme aller en France pour demander à Marine Le Pen d’être le chef de file de Mélenchon, de Besancenot, ou de Sarkozy. Cela ne marchera pas », poursuit Oumar Mariko. Et d’ajouter que cette démarche actuelle de la constitution d’un chef de file de l’opposition est une manière de mettre une camisole de force à l’évolution des partis politiques.
« Nous la dénonçons et nous souhaitons que le président de la République ne la promulgue pas. Et pour ce faire, nous allons écrire au président de la République, à la Cour constitutionnelles parce que nous pensons qu’on cherche à brimer les opinions d’une partie de la population, d’une partie des partis politiques sous le prétexte que tel ou tel parti politique a le plus de députés à l’Assemblée nationale ou le plus de conseillers alors qu’il y a beaucoup de droits de l’opposition qui sont brimés. », explique l’élu de Kolondièba.
Et de rappeler : « Nous avons quand même fait plus de 15 ans d’opposition et nous savons de quoi nous parlons. En 15 ans nous avons été confrontés au problème d’accès aux medias publics, ce n’est pas cette loi qui va le garantir car la constitution exige déjà la liberté d’expression et d’opinion et l’égal accès au medias d’Etat, mais cela n’a pas été appliqué. ».
Selon lui, le vote de cette loi, contrairement à certains députés qui pensent que c’est une avancée, fait retarder le processus de maturation des partis politiques. Et Oumar Mariko de préciser qu’ils sont dans la majorité pour le changement. Avant de conclure que cette loi sur le statut de l’opposition est une volonté de pouvoir bloquer celle-ci dans ses reflexes et l’a poussé dans une dynamique de « ôte-toi pour que je m’asseye ».
G. Diarra