Le Livre sacré de l’islam, depuis la fin de sa révélation, suscite réflexions et commentaires sous les angles les plus divers. Un théologien, auteur de plusieurs ouvrages sur la connaissance et les croyances, a ainsi consacré une partie de ses œuvres à la religion musulmane, afin d’aider, dira-t-il, à « redécouvrir des vérités qui sont inscrites d’une écriture éternelle dans la substance même de l’esprit ».
Evoquant certains aspects des textes coraniques, il soulignera notamment que leur contenu le plus apparent est constitué non pas d’exposés doctrinaux, mais plutôt de relations historiques et symboliques, de même que de tableaux eschatologiques.
Selon le philosophe, le fidèle musulman ne saurait confiner sa réflexion au premier niveau de perception, à la simple lecture linéaire, la profondeur des signes qui lui sont soumis allant bien au-delà de cette apparence.
Pour lui, les récits coraniques se déroulent presque quotidiennement dans notre âme, leur essence touchant le monde externe aussi bien qu’interne.
L’un des aspects de cette réalité évoquée dans le Livre saint porte sur les relations sociales, la vie humaine ne pouvant se concevoir sans cette interaction entre parents, voisins, collègues ou simples inconnus mis en contact par le fait du hasard.
Pour réglementer cette vie et instaurer une certaine concorde dans la société, les hommes, sous différentes latitudes se sont établis des législations diverses, susceptibles de maintenir quelque degré d’équité entre eux.
En évoquant ces considérations, les exégètes se réfèrent couramment à un épisode de la vie du prophète David. Investi d’une grande autorité par la grâce divine, il s’était vu doté de la sagesse et avait été initié à l’art de juger.
Il est ainsi rapporté dans un passage sur son œuvre, que pour aller le trouver, deux hommes en dispute escaladèrent un jour le mur du sanctuaire où David était en prière, lui causant quelque frayeur. « N’ayez pas peur », lui dirent-ils, exposant la nature de leur différend. « L’un de nous a été injuste envers l’autre. Juge donc en toute équité entre nous et sans partialité. Remets-nous sur le droit chemin ». Cet homme que voici est mon frère, fit l’un.
Il possède quatre-vingt-dix-neuf brebis, et je n’en ai qu’une seule. Cependant, mon frère n’avait de soucis que de s’accaparer de mon unique brebis et me pressait de la lui donner, afin qu’il puisse compléter son troupeau ». « Je dus m’incliner devant lui, tant il haussait le ton », conclut le narrateur.
« Ton frère fait du tort en vérité, déclara David, en te demandant ta brebis pour l’ajouter aux siennes ».
Il leur signifia que bon nombre d’associés n’hésitent pas à se conduire aussi iniquement entre eux, et qu’ils sont hélas fort nombreux. Réalisant immédiatement que son Créateur l’éprouvait par cet exemple, David implora humblement son pardon.
« Oh David, nous avons fait de toi un calife sur la terre. Juge donc entre les hommes en toute équité », est-il dit à ce sujet dans le Coran.
Et ce rappel sera appuyé par une injonction. « Méfie-toi de tes passions qui pourraient t’égarer loin du chemin de Dieu. Car ceux qui en dévient sont voués aux pires tourments pour avoir oublié le jour des Comptes » (38:26).
A. K. CISSE
Source : L’Essor