Une grande chaleur – rarement vécue – sévit cette année dans notre pays avec des températures dépassant largement les 40° par endroits. Cette situation a aggravé les coupures intempestives d’électricité et d’eau qui font désormais partie du quotidien pendant la période chaude.

Plus que les coupures d’électricité, la pénurie d’eau potable est particulièrement mal vécue par les populations. Face à cette situation d’inconfort qui a connu un pic au mois de mars, et dans le but de soulager les citadins, la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) conduit une « opération citerne » dans certains quartiers de la capitale particulièrement touchés par le manque d’eau potable.

Situé en Commune V du district de Bamako avec ses 59.000 habitants (données du Ravec en 2014), Sabalibougou figure parmi les localités bénéficiaires de l’opération. Ce quartier, situé en hauteur, est mal alimenté par le réseau de distribution d’eau de la SOMAGEP à cause du déficit de production.

Selon le chef du quartier de Sabalibougou, Dramane Kéïta, l’opération a débuté le 6 avril dernier avec deux citernes d’une capacité de plus de 26.000 litres pour la première et de 3226 litres pour la deuxième. Ces gros engins, remplis d’eau, font le tour du quartier en s’arrêtant à quelques points stratégiques et facilement accessibles au maximum d’usagers.

Assana Tangara et Sinaly Dembélé, respectivement convoyeur et chauffeur de la première citerne, entament leur tournée quotidienne vers 6 heures pour finir au petit soir avec une pause à 13 heures. Ils assurent ne rencontrer aucune difficulté particulière dans le cadre de leur travail.

Conduits par le chef de quartier, nous avons gagné un groupe scolaire où stationnaient les deux citernes dont les abords immédiats étaient littéralement pris d’assaut par des dizaines de femmes avec seaux, bassines et bidons. Se débattant au milieu de ses sœurs pour se procurer quelques litres du précieux liquide, la vendeuse Aminata Traoré salue l’arrivée des citernes qui leur permettent d’avoir de l’eau de bonne qualité, normalement et gratuitement. « Avant, malgré l’existence d’un château d’eau à côté, nous restions éveillés toute la nuit pour avoir de l’eau, qui venait au delà de 3 heures du matin. On achetait des bidons d’eau de 20 litres à 10 ou 15 Fcfa et il nous fallait débourser 20 Fcfa pour faire le plein des bidons de 30 litres ce qui nous obligeait à contracter des dettes », témoigne notre interlocutrice.

Ces désagréments sont désormais relégués aux oubliettes pour Aminata Traoré qui est heureuse de satisfaire tous ses besoins domestiques avec l’eau des citernes gratuitement offerte.

Le gardien de l’école de Sabalibougou, Bréhima Coulibaly, affiche la même satisfaction. Lui qui, il y a peu, a eu maille à partir avec des habitants qui voulaient disposer de l’eau de la pompe installée dans l’enceinte de l’école. « Je suis très satisfait de l’initiative des citernes et je remercie ceux qui en sont à l’origine. La crise de l’eau avait atteint des proportions inquiétantes au point que personnellement, j’ai vu des femmes acheter les sachets d’eau de 50 Fcfa dans les boutiques pour pouvoir cuisiner. Grâce à l’opération citerne, cette situation est derrière nous », souligne Bréhima Coulibaly.

Le chef du quartier Dramane Kéïta confirme que la crise d’eau avait atteint un niveau dramatique avant le début de l’opération citerne. La situation était si tendue qu’elle a suscité une marche des femmes du quartier. C’est après ce mouvement d’humeur des ménagères excédées par la corvée d’eau, que le chef de quartier saisira d’abord la mairie puis la SOMAGEP à qui une requête a été adressée. Celle-ci accédera à la sollicitation en envoyant les deux citernes.

Le chef du quartier souhaite, à moyen terme, la multiplication des points de raccordement des robinets et des bornes fontaines de même que l’amélioration de la cadence de la livraison de l’eau par les citernes. Il plaide par ailleurs pour l’octroi de deux citernes supplémentaires de format moyen afin de pouvoir atteindre les endroits difficilement accessibles.

Au regard de l’engouement perceptible que suscite l’opération, les habitants de Sabalibougou semblent en tirer un grand profit. Cependant, ne faudrait-il pas envisager des actions pérennes pour l’approvisionnement des populations en eau potable ? Par exemple, le budget de cette opération citerne pourrait servir à financer des forages dans les quartiers mal servis par le réseau de distribution de la SOMAGEP.

M. SIDIBÉ

Source : Essor