Le Haut-Commissaire aux droits de l’ONU, Volker Türk s’est exprimé, via un communiqué en date de ce mois de mai 2025, suite au décret pris par les autorités de la transition malienne pour dissoudre les partis politiques, les appelant à abroger ledit décret « draconien » et à « rétablir pleinement les droits politiques ».
Ce 13 mai 2025, le Président de la transition a pris un décret pour officiellement annoncer la dissolution des partis politiques et des organisations à caractère politique sur toute l’étendue du pays. Ledit décret a fait l’objet de réaction de la part des défenseurs des droits de l’homme onusiens. « Le président de la transition doit abroger ce décret draconien », a estimé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, rajoutant que « toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière des droits humains ». En la matière, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) a souligné que les lois limitant la participation politique, récemment adoptées par les Autorités de la transition malienne risquent de réduire au silence les voix dissidentes dans le pays. Ces dernières(mesures) pourraient aggraver les problèmes plus généraux en matière de droits humains au Mali. Ce qui a amené le Bureau onusien à signaler qu’au moins trois opposants maliens ont été arrêtés après des manifestations contre l’élimination prévue des partis. A cet effet, leur situation reste inconnue. « Il s’agit des dernières victimes d’une série de disparitions forcées qui remontent au moins à 2021 », dira le Haut-commissaire. Et le responsable onusien de souhaiter que les autorités maliennes relâchent les détenus politiques et rétablissent « entièrement les droits politiques dans le pays ». Il a trouvé que les libertés fondamentales doivent être également garanties par les dirigeants du Mali.
Tenue des élections à l’ordre du jour
Partant du même communiqué, il ressort que le Haut-Commissaire a exhorté les autorités maliennes « à ne pas prolonger à nouveau la période de transition et à officialiser sans délai un calendrier électoral ». Il a également rappelé l’instruction du Président de la transition lors du Conseil des ministres en date de novembre 2024. Laquelle instruction visait à demander au gouvernement de « créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées qui devront mettre un terme à la transition ». Pour l’Organisation des Nations unies, les « récents revers » en matière de droits humains s’inscrivent dans un contexte d’insécurité persistante affectant les populations à travers le Mali, en particulier depuis le retrait du pays de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le 31 décembre 2023.
Hausse d’abus entre 2023 et 2024
Des mêmes sources onusiennes, le nombre de violations des droits humains a augmenté d’environ 120% entre 2023 et 2024 au Mali. Des groupes armés, notamment l’Etat islamique (EI) tuent et enlèvent des civils. Ils continuent de soumettre les femmes et les filles à des violences sexuelles et sexistes, notamment des viols et des mariages forcés. Sur les différentes violations commises dans le cadre de l’insécurité au Mali, « les multiples enquêtes annoncées par les autorités maliennes sur les attaques et les meurtres doivent être menées dans les meilleurs délais. Les responsables doivent être traduits en justice dans le cadre de procès conformes aux obligations internationales du Mali en matière de droits humains, afin de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations », a fustigé le Haut-commissaire onusien.
Mamadou Diarra