Au Mali, l’affaire des commerçants arabes de Tombouctou enlevés le 14 février dernier se poursuit. Human Rights Watch assure pouvoir confirmer la disparition d’au moins cinq personnes : quatre Arabes et un Songhaï -qui aurait tenté à l’époque de s’interposer. Les témoins de ces enlèvements parlent de ravisseurs déguisés en militaires. L’armée a d’ailleurs mis des hommes aux arrêts depuis.
Aucune dépouille des disparus n’a été retrouvée. Tout porte à croire cependant que les commerçants arabes ont été exécutés. Un de leurs voisins à Tombouctou pose la question : « Lorsqu’on enlève quelqu’un, qu’on le met sous une bâche et qu’on lui bande les yeux, qu’a-t-on derrière la tête ? »
Surtout, un observateur des droits de l’homme des Nations unies à Bamako affirme que des sources militaires lui ont confirmé que c’était bien des soldats maliens qui avaient enlevé ces hommes et que plusieurs d’entre eux au moins avaient bien été exécutés.
« Notre recherche suggère que les hommes ont été arrêtés par des soldats, indique encore l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Et il semblerait qu’ils aient été tués quelques jours plus tard alors qu’ils se trouvaient sous leur contrôle. »
Six soldats ont depuis été arrêtés à Tombouctou et rappelés à Bamako. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans les disparitions et dans les possibles exécutions. « La procédure est en cours. Les conseils de discipline ont été convoqués, les soldats ont été entendus. La décision est en délibéré. Nous n’avons pas encore les conclusions », indique un responsable militaire.
Par ailleurs, selon nos informations, si aucune recherche n’est menée par les forces sécuritaires à Tombouctou, une enquête a bien été ouverte à Bamako. Human Rights Watch considère que cette affaire est un test pour l’armée lui permettant de démontrer qu’elle a la volonté politique de réagir face aux abus commis par les soldats.
Par RFI