En sport comme dans la vie, chaque échec à ses réalités. N’empêche que quand il se répète, il faut mener la réflexion pour en déterminer les causes afin d’exorciser le mal. C’est à cet exercice que se sont livrés les participants au symposium national organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports (chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne) et la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) du 5 au 7 mars 2024 au Stade du 26 Mars de Yirimadio. L’une des raisons de nos échecs répétés à conquérir un titre continental au niveau de la sélection nationale senior de football est l’absence d’une Direction technique nationale (DTN).
Et cela d’autant plus que celle-ci est un outil indispensable pour la planification du développement et de la performance d’une discipline sportive. C’est un soutien de taille aux Equipes nationales avec des analyses pouvant être précieuses dans les compétitions, notamment les phases finales. Ancienne présidente du Comité de normalisation du football malien (CONOR), Mme Daou Fatoumata Guindo l’a expérimenté à l’occasion de la CAN féminine 2018 au Ghana (17 novembre-1er décembre 2018 à Accra). Notre pays était dans le groupe A avec le pays organisateur (Ghana), l’Algérie et le Cameroun.
Cette année-là, le Mali a réalisé sa meilleure participation à cette compétition avec une 4e place amplement méritée. «Nous avions mis en place un collège de techniciens chargé de suivre et d’étudier les matches, y compris ceux de nos adversaires. Ils nous faisaient ensuite parvenir leur analyse que nous transmettions par la suite à l’encadrement technique à Accra en lui demandant de prendre contact avec les techniciens ici pour planifier une meilleure stratégie en vue de mieux aborder les rencontres», a raconté Mme Daou lors du symposium national pour mettre l’accent sur la nécessité d’une DTN opérationnelle dont l’appui peut-être décisif dans les compétitions internationales.
Un DTN volontairement éloigné de la sélection nationale et de son encadrement technique
Malheureusement, ce n’est pas encore le cas dans notre pays ces dernières années. Et même quand elle existe, ont fait de sorte de soigneusement l’éloigner des sélections nationales en phase finale. Ce fut le cas en 2012 à la CAN «Gabon-Guinée Equatoriale» durant laquelle Mohamed Magassouba a été tenu à l’écart d’Alain Giresse et de son groupe. Et pourtant, le DTN passait des nuits entières à étudier nos adversaires, à décortiquer nos matches pour détecter les failles afin d’aider l’encadrement technique à élaborer un schéma de jeu. Mais, finalement, ce fut une perte de temps puisqu’il ne pouvait pas approcher l’équipe et que rien ne prouve que la fédération remettait ses analyses à l’encadrement technique comme le CONOR en 2018. Et curieusement, il n’était même pas à la CAN 2013 en Afrique du Sud.
Confirmé coach des Aigles du Mali le 22 octobre 2019, après avoir conduit la sélection nationale à la CAN «Egypte 2019», Magassouba a renoncé à la DTN. «Le poste de Directeur technique national (DTN) sera à ouvert à un appel à candidature très bientôt afin de choisir le profil adéquat à la politique ambitieuse que nous souhaitons mettre en place à la DTN», avait promis le président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), Mamoutou Touré dit Bavieux, en annonçant la désignation de Mohamed Magassouba comme sélectionneur national le 22 octobre 2019.
Finalement, c’est en septembre 2022 que l’ancien international Ousmane Guindo (Assistant DTN depuis 2009) a été désigné comme Directeur technique national (DTN) par intérim de la Femafoot. Inspecteur de la Jeunesse et des Sports, il est aussi diplômé de la Faculté des sciences du sport de l’Université de sport de Leipzig (spécialité football), en Allemagne. A noter qu’Ousmane Guindo est également instructeur CAF en entraînement Licence A et instructeur FIFA. Depuis le départ de Magassouba, il donne le meilleur de lui-même pour donner un contenu à sa mission avec les moyens du bord. C’est ainsi qu’il se bat aujourd’hui pour remplir les 8 critères liés à la convention signée avec la Confédération africaine de football (CAF) pour la formation des entraîneurs d’élite.
La mise en place d’une DTN opérationnelle et assez étoffée, avec des démembrements au moins dans les régions à travers les Directions techniques régionales (DTR), est l’une des 70 recommandations du symposium national sur le football (5-7 mars 2024). Si la DTN est un outil indispensable dans la planification du développement et de la performance du foot, les DTR sont des relais importants, notamment dans la détection et le développement à la base.
«Quel que soit ton talent, tu as peu de chance d’être sélectionné dans les équipes nationales et de mener une brillante carrière tant que tu ne joues pas dans un club de la capitale. La création des DRT va permettre de mettre en place une politique nationale de détection efficace et équitable. Tout comme elles vont être un maillon essentiel du développement de la discipline à la base», a défendu un participant au symposium. Une analyse partagée par de nombreux participants.
Son important n’étant plus à démontrer, la Femafoot doit urgemment œuvrer à se doter d’une Direction technique nationale à la hauteur de nos ambitions !
Moussa Bolly
Un outil incontournable de la performance sportive
La Direction technique nationale est indispensable à toutes les fédérations sportives voire aux clubs de sport. Et cela d’autant plus que, par l’intermédiaire de son directeur, elle contribue à définir une politique technique pour l’ensemble de la discipline, le football notamment. Une politique mise en place et animée par des entraîneurs nationaux et des cadres techniques régionaux. Cela concerne le football d’élite, le football de masse et la formation des éducateurs.
Ce qui fait du Directeur technique national, à la fois un manager, un gestionnaire et un leader chargé notamment de coordonner l’action de l’ensemble des conseillers techniques spéciaux (CTS) et du personnel technique de sa direction. Il contribue à la définition de la politique fédérale, en assure l’application et en évalue les résultats.
Figure de proue de sa fédération sportive, au côté de son président, le DTN est généralement chargé de développer le haut niveau de sa discipline, la pratique, la formation et le «management» des CTS. Il se charge ainsi de la politique sportive de haut niveau de l’ensemble des sélections nationales, s’occupe de la formation et du perfectionnement des cadres sportifs techniques, entraîneurs fédéraux et animateurs ; coordonne les actions entre sa fédération et les fédérations sportives affinitaires, le sport scolaire et universitaire et le sport militaire… Il peut aussi proposer des candidats aux postes d’entraîneurs nationaux, de cadres techniques nationaux et régionaux…
Responsable administratif et technique ; chef de projet audiovisuel ; analyste vidéo ; préparateur physique ; technicien administratif ; chargé de mission détection ; éducateur et entraîneur, surveillant d’internat… sont, entre autres, métiers représentés dans une DTN… Autrement, c’est une équipe de spécialistes de plusieurs domaines liés au sport, notamment du foot !
M.B