Diéma, 14 octobre (AMAP) Dans le cercle de Diéma, surtout en milieu soninké, le couscous constitue l’alimentation de base des populations. Il est plus consommé que le riz, réservé, généralement, dans certaines familles, pour les fêtes, les cérémonies importantes.
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer la forte consommation du couscous ‘maraka bassi’ dans la localité de Diéma. Pour certains, les céréales comme le mil, le sorgho, le maïs, etc. servant à la préparation du couscous, sont plus facilement accessibles, compte tenu de leur abondance, surtout en année de bonne campagne agricole. D’autres parlent, plutôt, d’habitude alimentaire.
« La consommation régulière des céréales, défend Lassine, permet d’éviter la constipation, susceptible d’entraîner d’autres maladies ». Cet homme, que tout le monde appelle ‘Yigo’ (homme en Soninké), explique que tant que le Soninké ne se gave pas de ‘baouwa’ (couscous de la veille, en soninké, que les femmes réchauffent le matin), il ne se sentira pas mieux dans sa peau. « Proposez-lui tous les mets du monde, il les repoussera », ajoute-t-il.
Goudon, la superstitieuse, laisse entendre que si une fille s’habitue à manger du ‘baouwa’ le matin, elle restera longtemps célibataire.
« Pendant l’hivernage, c’est le couscous que ma ‘kognomousso’ (nouvelle mariée) nous apporte au champ. Les enfants et moi, nous nous régalons, avant de reprendre le travail avec plus d’énergie », raconte un homme.
Kémessé cite quelques types de couscous parmi lesquels, « le couscous à la sauce de haricot ou au voandzou (tiganikourou), le couscous à la sauce aux feuilles vertes (bassi ni gnougou), appétissant avec du beurre de vache préparé (sirimé) », dit-t-elle, en riant.
« Il y a aussi le couscous à la sauce d’oignon, légère (Naji missè), le couscous malaxé au gombo frais, broyé, ou aux feuilles vertes découpées en petits morceaux, mélangé avec de l’huile (gnougou bala yélé), dont ma fille aînée raffolait, le couscous à la pâte d’arachide (tigadégué nan), le couscous sec (bassi dialan) qu’on prend avec du lait et que les Soninkés appellent houto moulé (couscous frais), compagnon des bergers peulhs », énumère la dame.
Kaly aime le couscous fait à base de petit mil ‘sagno’, à cause, soutient-t-il, « de son goût et ses éléments nutritifs ». Cette femme déclare que le couscous donne la nausée à mon mari. « Avec ses longues années passées en Europe, chaque fois qu’il en mange, il a envie de sortir ses intestins . Finalement, j’ai arrêté de préparer le couscous », renchérit la dame.
Il suffit que Komagan mange le couscous pour que son ulcère reprenne du service. Dès lors, il fait recours à ses médicaments. « Pour préparer le couscous soninké, ‘maraka bassi’, il faut avoir du courage, c’est un travail mesquin. Il faut bouillir de l’eau dans la marmite, ajouter un peu d’eau à la farine de mil, mélanger, tamiser, et verser la matière dans le couscoussier. Il faut mouiller avec de l’eau, un peu de poudre de farine, la passer sur un tissu en cordelette, qu’on attache, en ceinturon, autour du couscoussier posé sur la marmite pour empêcher la vapeur d’eau de s’échapper, afin d’accélérer la cuisson du couscous », explique Sitan.
Au bout d’un certain temps, il faut enlever le couscous à l’aide d’une louche, le mettre dans une calebasse qui conserve mieux la chaleur, casser à l’aide d’une louche, les petites mottes de couscous, replacer le couscous dans le couscoussier.
Il paraît que « la farine en pâte collée sur le ceinturon fixe la femme dans son foyer. Une femme mariée qui la dilue dans de l’eau et en boit un peu, chaque nuit, avant de se mettre au lit, durant quatre jours, son époux ne pourra jamais divorcer d’elle. Ils seront comme le tissu en cordelette qui maintient le couscoussier à la marmite’.vcommente, en passant Sitan.
« Il faut enlever, de nouveau, le couscous…, le tamiser en y ajoutant un peu d’eau, de la poudre de feuilles de baobab, et reverser le couscous dans le couscoussier. Il faut enlever le couscous, le refroidir minutieusement, à l’aide d’une louche pour faire disparaitre complètement les mottes. Il faut, enfin, récupérer à l’aide d’une louche le contenu du couscoussier pour le mettre dans la calebasse, détacher le ceinturon en cordelette et faire descendre le couscoussier pour procéder à la préparation de la sauce » poursuit-t-elle, en reprenant son souffle.
Cependant, avertit la narratrice, « si la femme, qui prépare le couscous est submergée de soucis, son couscous cuira difficilement, le couscoussier refusera d’obtempérer ». Encore une croyance populaire qui a la vie dure ! Et ce fonctionnaire d’évoquer ses souvenirs d’enfance, lorsqu’il partait à Nioro pour y passer ses vacances, en mangeant du couscous, en compagnie de son oncle, Ce dernier laissait, toujours ,un peu de sauce sur le reste de l’aliment dans le bol pour y verser du lait de vache. « Au départ, raconte l’homme, j’avais de sérieux problèmes avec ce mélange de lait et de sauce, mais par la suite, j’ai fini par y prendre goût ». OB/MD (AMAP)