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Dialogué pourquoi, en quoi, avec qui, dans l’intérêt de qui et en vue de quoi ?

L’appel au dialogue du président de la République, après la proclamation des résultats définitifs, signifie-t-il qu’il veut un Sénégal où, il n’existe pas d’opposition ? Si c’est tel le cas, alors, c’est simplement, surréaliste de sa part de penser à un tel scénario qui n’existe nulle part au monde. Il ne faut pas rêver ni être utopique M. le président, nous avons perdu trop de temps dans le passé avec des appels, au contenu imprécis, qui n’en étaient pas réellement, et ainsi avaient fini par n’accoucher rien du tout ce, depuis 19 ans.

En vérité, le problème du Sénégal, c’est son système institutionnel qui est grippé ou sclérosé donc, qui ne répond plus à notre époque et à une véritable démocratie plurielle et participative. Si le président Macky Sall veut montrer sa bonne foi et prouver aux Sénégalais ses bonnes dispositions et sa ferme volonté de dialoguer en vue de changer les choses en mieux, il doit mettre, sur la table de dialogue la refondation des institutions de la République donc, aller au-delà des réformettes. Ainsi, au lieu de vouloir réinventer la roue, il a, avec les Conclusions des Assises nationales et les Recommandations de la Commission nationale de réformes des institutions, une bonne base et de document de travail de haute facture. Dans cet ordre d’idée, il faut dire qu’il est temps d’avoir, à présent, une Assemblée nationale représentative avec des députés véritablement élus par le peuple et qui légiféreront au nom et pour lui et non du président de la République et pour lui. Évidemment, cela qui impose tout naturellement le changement de la constitution actuelle pour la conformer un autre système cohérent et, le mode de l’élection des députés, devra aussi être remanié. Ce n’est que par cette procédure démocratique et représentative que nous aurons la chance de déboucher sur ce beau et juste slogan : « La Patrie avant le Parti »

S’agissant du concours des anciens présidents, cela me semble superflu et d’aucune utilité, dans la mesure où les deux ont tous échoué et montré leurs limites réelles dans la gestion pays comme leur manque notoire de patriotisme envers la Patrie. Puisque, aussitôt après la fin de leurs mandats, ils ont émigré en France sans états d’âme. Et tout le contraire de nos autres émigrés qui, de leur pays de résidence, envoient aux parents de quoi vivre et participent au développement du pays. Mais nos émigrés, en col blanc, continuent eux de se la couler douce au pays de Marianne et en outre, aux frais des contribuables sénégalais. Mais au fond quel sens, ces deux anciens présidents du Sénégal donnent-ils au mot, patriotisme ?

En effet, le premier, Abdou Diouf est un partisan du moindre effort, un bras cassé qui, pendant les 20 ans qu’il a dirigé notre pays, n’a fait que du surplace. Et, c’est grâce à l’appui des Institutions de Breton Wood, de la Bm et du Fmi, qu’il a, bon an, mal an, réussi à gérer et surmonter les crises successives avant d’être remercié par les Sénégalais, en l’an 2000. Et depuis ce jour, il vit maintenant en France sans se soucier des difficultés de son pays.

Et le second, Abdoulaye Wade est un beau parleur, plus théoricien du développement que praticien et développeur de pays en difficulté. Il a pillé notre pays par un gaspillage effroyable dans des projets d’éléphants blancs ou de folie des grandeurs ; Il se targue même d’avoir fabriqué artificiellement dans le pays des milliardaires, oui, parce que les concernés le sont devenus grâce à lui à partir de rien. Il a, également, introduit ou plutôt fortement accentué la perte des valeurs morales dans le pays. Et, c’est avec lui, que nous avons connu la promotion des transhumants, de l’enrichissement illicite et une corruption qui a pris des proportions incroyables, comme un partage du gâteau. Et enfin, il a même tenté, sans oser le dire bien entendu, de procéder frauduleusement, à une dévolution monarchique du pouvoir à son fils. Une tentative qui a, heureusement, lamentablement échoué le 23 juin 2011, et, a même précipité sa chute vertigineuse en février 2012. Cela dit, en quoi, ces deux hommes, qui ont géré à eux deux, pendant 32 ans notre pays, de la façon que nous connaissons tous,  peuvent-ils apporter aux Sénégalais quelque chose de positif et crédible ? C’est une contradiction pour ne pas dire un non-sens, dans la mesure où notre pays qui, depuis longtemps, cherche à rompre avec ce passé décadent dont les deux font partie des principaux responsables de cette situation. Non, ces deux-là doivent s’estimer heureux de n’avoir pas été traduits en justice pour leur mauvaise gestion de notre pays. Pour dire vrai, ces deux-là sont plus Français que Sénégalais, c’est nous Sénégalais qui les considérons comme des concitoyens, mais en réalité, ils ne le sont pas de fait. Alors, osons espérer que Macky Sall ne les rejoindra pas après son mandat, pour former les trois mousquetaires sénégalais en France.

Le président Macky Sall à travers son dernier mandat peut non seulement réparer ses erreurs du premier mandat, mais  a aussi l’occasion et l’opportunité de marquer positivement son passage à la tête de son pays. En changeant fusil d’épaule, il peut contre toute attente installer un climat apaisé favorable à l’exercice d’une  véritable démocratie qui permettra une saine concurrence entre tous les Sénégalais qui désirent jouir pleinement de la démocratie dans les règles de l’art. Puisque dorénavant, il n’a plus de concurrents qui lui disputent le pouvoir d’ici cinq ans, car, en 2024, les adversaires seront autres sans lui. Mais malgré tout, il y a ceux qui s’opposent à la politique qu’il mène présentement, ce qui est à juste raison normal. Aujourd’hui, il a totalement les mains libres sans aucune contrainte pour jouer l’arbitre et préparer le terrain au plan démocratique et institutionnel, pour les autres, comme Jerry Rawlings et Nelson Mandela l’ont fait dans leurs pays respectifs. En effet, Macky Sall avait été très applaudi, à l’entame de son mandat, lorsqu’en 2012, il avait clairement déclaré que, c’est la Patrie qui passe avant le Parti. Mais, ce n’était qu’un simple slogan, puisque jusque-là ce vœu n’a pas été concrétisé dans les faits. Cette nécessité n’est pas encore effective, malheureusement, dans notre pays. Et, cependant, c’est bien cela la règle immuable, dans toute République qui se respecte

Et, comme dit l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais, si l’intention est bien louable, cependant cela ne suffit pas, si elle n’est pas suivie d’actes pour la concrétiser. Oui, parce que les politiciens, au Sénégal, ont habitué les Sénégalais à des promesses démagogiques qu’ils oublient, dès qu’ils s’installent confortablement au pouvoir. C’est ce qui nous vaut d’ailleurs l’expression bien connue maintenant, « bu feke man ma ko waxoon kon nag waxeet » de Me Wade pour se dédire de ses nombreuses promesses. Lui-même Macky Sall nous a joué le coup avec sa fameuse décision de réduire son  mandat de 7 ans à 5 ans si toutefois, il était élu ou bien encore, son adhésion aux conclusions des Assises nationales. Tout cela pour dire que l’intention ne vaut pas toujours l’action. En tout cas, tous les appels au dialogue lancés jusque-là par les présidents Abdoulaye Wade comme Macky Sall sont restés lettre morte. Par conséquent, que l’opposition se le tienne pour dit, en attendant d’avoir des faits concrets. Cela dit, par principe, il n’est pas indiqué, pour l’opposition, de rejeter d’office l’appel au dialogue du président avant même d’avoir pris connaissance de son contenu, de son format et de ses termes de référence. Certes, c’est vrai, que chat échaudé craint l’eau froide, mais malgré tout, il faut que les Sénégalais se parlent et se concertent autour des questions  essentielles qui concernent le pays, comme par exemple sur son système archaïque actuel et, pour l’intérêt exclusif du peuple sénégalais.

Dakar, le 7 mars 2019

Mandiaye Gaye

Mandiaye15@gmail.com

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