Loin des cérémonies et des conférences débats, elles célébrèrent le 8 mars dans leurs activités quotidiennes. A l’occasion de la célébration de la Journée internationale des femmes, une équipe de Studio Tamani est allée à la rencontre de celles que l’on considère comme « les oubliées du 8 mars ». Elles sont ménagères, vendeuses de légumes, ou aides ménagères. Pour celles-ci, « chacune à sa façon de célébrer la fête du 8 mars ».
Nous sommes ici au marché de Sougounikoura sise au quartier Médine en commune II du district de Bamako. Elles sont nombreuses à ignorer cette fête du 8 mars. Pour ces vendeuses des fruits et légumes, la journée de la femme n’est destinée qu’aux femmes fonctionnaires. C’est du moins leur perception de cette fête. « Je ne sais pas qu’aujourd’hui c’est 8 mars. C’est pour cela que je suis venue vendre au marché. Pour moi 8 mars c’est uniquement pour les femmes fonctionnaires, c’est seulement elles qui ont le droit de rester à la maison. Moi je suis venue vendre parce que les hommes ne peuvent pas prendre toutes les dépenses des femmes en charge », nous témoigne cette vendeuse du marché, pour qui les femmes doivent aider aussi leurs maris. Avant d’ajouter : « la situation actuelle du Mali ne nous permet pas de célébrer cette journée, quand je pense à tout ce qui se passe notamment le fait que nos enfants ne vont à l’école, je ne peux pas fêter ».
La célébration de l’édition 2019 du 8 mars intervient dans un contexte de débats sur les conditions des aides ménagères. Au Mali, le 8 mars est loin d’être un jour chômé pour elles. Comme témoigne Oumou Diakité, aide ménagère. Selon elle, « il n’y a pas un jour où elle ne travaille pas ». Pour Oumou Diakité, cette journée du 8 mars est comme les autres jours ordinaires. Rien ne change dans son activité quotidienne. « Je suis une aide ménagère, bien sûr que je sais qu’aujourd’hui c’est la fête du 8 mars, mais je ne peux pas rester une journée sans travailler sinon mon patron le déduirait de mon salaire ».
Cet avis est partagé par Djénéba Toloba, ménagère dans un quartier à Bamako. Elle affirme ne pas être intéressée par cette journée. Selon elle, ses taches ménagèressont plus importantes que cette manifestation folklorique des femmes. « Je sais que la fête de 8 mars signifie que les femmes restent à la maison à ne rien faire, mais je ne peux pas me le permettre car je dois nourrir mes enfants », nous explique Djénéba Toloba.
Il faut rappeler que beaucoup de femmes maliennes en particulier les femmes rurales ne se sentent pas concerner par cette journée.
Studio Tamani