Dans une correspondance adressée, le 20 août 2019 au Premier du ministre du Mali, la Coalition des forces patriotiques (COFOP) qui anime l’opposition politique dit avoir suspendu sa participation aux travaux d’organisation du Dialogue Politique Inclusif. La COFOP, pilotée par Dr Abdoulaye Amadou Sy, motive son refus en disant que la méthode utilisée est le placement de l’organisation du Dialogue Politique Inclusif sous l’autorité des Départements ministériels. « Pour notre part, cette manière de faire nous conduira directement au mur. Car l’Exécutif n’est pas concepteur de l’objet du Dialogue Politique Inclusif que nous attendons. L’Exécutif ne peut donc pas être juge et partie dans l’élaboration et la mise en œuvre des TDR (Termes de référence) relatifs à l’organisation du Dialogue Politique Inclusif que nous attendons », souligne Dr Abdoulaye Amadou Sy.
La COFOP n’est pas contente de la méthode d’organisation du Dialogue Politique Inclusif. Elle l’a signifié au chef du gouvernement à travers une correspondance. « Par lettre N°000222 / PRM du 14 Mai 2019, le Président de la République a invité la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) à lui soumettre des propositions relatives à la tenue du Dialogue Politique Inclusif sollicité par les Partis politiques de l’Opposition. Par courrier N° 0017/CP/COFOP/2019 en date du 21 Mai 2019 la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) vous a adressé ses propositions relatives au Format et au Contenu du Dialogue Politique Inclusif conformément aux instructions du Président de la République », révèle la correspondance de la COFOP adressée au chef du gouvernement malien. Le regroupement politique membre de l’opposition dit avoir constaté avec regrets que la méthode utilisée est le placement de l’organisation du Dialogue Politique Inclusif sous l’autorité des Départements ministériels. « Pour notre part cette manière de faire nous conduira directement au mur. Car l’Exécutif n’est pas concepteur de l’objet du Dialogue Politique Inclusif que nous attendons. Aux yeux de la COFOP les décisions issues du Dialogue Politique Inclusif sont plutôt ; sous l’autorité du Président de la République, à mettre infailliblement en œuvre par les Départements ministériels. L’Exécutif ne peut donc pas être juge et partie dans l’élaboration et la mise en œuvre des TDR (Termes de référence) relatifs à l’organisation du Dialogue Politique Inclusif que nous attendons. Aussi compte tenu de la situation qui prévaut, sommes-nous au regret de porter à votre connaissance que la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) suspend sa participation aux travaux d’organisation du Dialogue Politique Inclusif tels qu’ils sont conçus maintenant », a souligné Dr Abdoulaye Amadou Sy au nom de la conférence des présidents de la COFOP.
Contacté par le Républicain, le mercredi 21 août 2019 dans l’après midi, Dr Abdoulaye Amadou Sy maintient la position de la COFOP. « Il y a déjà un accord entre la COFOP et la Présidence. Ils n’ont qu’à revenir sur cet accord. Et cet accord dit que le truc se fasse de manière inclusive. Avant de prendre une décision, ils doivent consulter toutes les parties pour voir dans le cadre de l’organisation ce qu’il faut faire, ils ne le font pas, ils le font selon leur bon vouloir et maintenant, ils mettent le dialogue sous le couvert du gouvernement », a déploré Dr Abdoulaye Amadou Sy de la COFOP. Selon lui, c’est parce que le gouvernement est défaillant qu’il y a eu la nécessité de faire ce dialogue. «Ils ont tendu la main à l’opposition en disant que nous sommes en guerre. Et il fallait faire en sorte que tous les fils du pays se retrouvent autour d’une table pour évaluer l’ensemble des problèmes du pays pour trouver une solution », a rappelé Dr Sy. Notre interlocuteur insiste sur l’inclusivité de ce dialogue. Il a souhaité que tout le monde puisse prendre part au dialogue, que ça soit la société civile, les syndicats, les journalistes etc. « Ils ont mis en place un système d’organisation où ils ont crée des sous commissions sans créer les commissions et ces sous commissions sont sous le couvert des départements ministériels. Comment voulez-vous que l’administration soit au dessus du politique, je n’ai jamais vu ça au monde », a martelé Dr Abdoulaye Amadou Sy. Toutefois, la COFOP n’écarte pas la possibilité de participer aux débats, mais pour l’instant, elle préfère simplement se retirer des travaux d’organisation dudit dialogue.
L’Article 5 de l’accord politique de gouvernance signé entre le gouvernement et la classe politique le 2 mai 2019 stipule que les parties signataires du présent accord, dans l’intérêt de la stabilité nationale, conviennent de la tenue d’un dialogue politique inclusif sous la haute autorité du Président de la République. « Les parties signataires du présent accord décident de confier le suivi de la mise en œuvre des résolutions du dialogue politique à un Comité ad hoc dont la mission et la composition seront proposées au Président de la République par la plénière du dialogue politique », indique l’article 8 dudit accord.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain