Pour la présidente de la Commission des Affaires Etrangères, des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine de l’Assemblée nationale, Diallo Touré Aïssata, parler du Mali aujourd’hui évoque immédiatement la crise qui y perdure depuis 2012. Une crise multidimensionnelle qui a démarré par un coup d’état, et qui a ouvert la porte à une instabilité liée à l’envahissement du nord du pays par une horde de djihadistes, appuyés par des velléités séparatistes d’une minorité. Cette invasion, selon elle, est en partie due à la chute du régime de Khadaffi en Lybie et qui a occasionné la dispersion des matériels lourds de guerre, sophistiqués et de dernière génération détenus par ces groupes armés, dans la zone septentrionale du Mali faiblement couverte par les forces armées maliennes.
Parti pour parler des ressentis des populations, Mme Diallo a fait la genèse de l’intervention française au Mali, qui, à ses débuts, a suscité beaucoup d’espoir au sein de la population.
« Celle-ci trouvait que c’était la meilleure digue contre l’avancée djihadiste. Sentiment d’euphorie générale qui avait suscité une sympathie illustrée par de nombreux homonymes du président Hollande et du premier soldat français tombé Damien Boiteux, ces actes de reconnaissance et de gratitude enregistrés partout sur le territoire malien, même dans des zones fortement islamisées, ce qui est vraiment paradoxal … », a rappelé l’honorable Touré.
Désamour
Pour elle, les grincements de dents ont commencé avec la fermeture des portes de Kidal à l’armée malienne. « Incompréhension, impatience et impuissance ont commencé à torturer les esprits des Maliens et des Maliennes fortement éprouvés par cette période douloureuse », déplorera-t-elle. Pour elle, la population s’indigne aujourd’hui sur un certain nombre de points : l’absence de l’Etat et de l’armée à Kidal, « difficile pilule à avaler pour les populations et leurs représentants députés que nous sommes » ; la signature d’un Accord « au forcing », méconnu par les populations, laquelle signature a été effectuée en 2 temps « pour permettre selon une certaine opinion d’intégrer les désidérata d’un groupe protégé », sans oublier de nombreuses dispositions et points polémiques vite perçues comme accordant l’autonomie au nord du pays.
Il faut ajouter le déplacement des foyers de tension au centre qui est considéré par la population comme la passivité sinon l’inaction de Barkane et de la Minusma face au terrorisme ; le cantonnement de l’armée au nord et au centre et qui n’a pas de mobilité à sa guise, cela au vu et au su de tout le monde. « C’est la triste réalité du terrain. Ces quelques éléments énumérés ici sont à l’origine du sentiment mitigé des Maliens vis à vis de la France et qui, encore aujourd’hui continuent à s’approfondir », a indiqué Mme Diallo Aïssata Touré.
S’agissant du déplacement des foyers de tension vers le centre qui pose une autre problématique sécuritaire qui n’a pas été prise en charge par l’Accord. L’honorable Touré
recommande d’étendre les fruits de la négociation à ce nouveau front qui renferme des groupes armés aussi violents que nuisibles. « Les partenaires doivent intégrer cette zone et aider le pays à trouver des réponses appropriées et globales », plaidera-t-elle.
Elle a lancé un appel pressant pour l’instauration de la paix et de la stabilité : « Les populations maliennes ont besoin de paix et de stabilité pour faire face aux défis du développement. C’est pourquoi l’accompagnement et l’engagement de partenaires comme la France ne doivent souffrir d’aucune ambiguïté aux yeux des populations ».