Jeûner lorsque l’on est diabétique est une décision importante qui doit être prise après évaluation des risques qui varient d’une personne à une autre. Il est donc important de requérir un avis médical, celui de son médecin traitant ou du diabétologue pour une évaluation précise de la situation, des adaptations des traitements en fonction du changement de rythme. Il faut donc tenir compte des conseils du médecin pour se mettre en sécurité.
Les risques sont très importants pour le diabétique de type 1. Ils le sont aussi en cas d’antécédents d’hypoglycémie sévère ou d’acidocétose dans les mois précédents. Ils restent élevés en cas de diabète mal équilibré ou associé à des complications sévères.
À l‘opposé, les risques sont moindres lorsque le diabète est bien équilibré, non traité par insuline ou sulfamide hypoglycémiant et en l’absence de pathologies lourdes associées.
Selon Dr Djibril Traoré, endocrinologue, diabétologue à l’Hôpital du Mali, le jeûne a un impact majeur sur la gestion du diabète. Les complications qui peuvent en découler sont importantes et sont, entre autres, l’hypoglycémie, l’hyperglycémie, la déshydratation et la perte de poids.
Une étude rétrospective transversale (EPIDAR), menée en 2001 chez près de 130. 000 patients de13 pays, révèle que le jeûne augmente le risque d’hypoglycémies sévères de 4,7 fois chez les patients diabétiques de type 1et de 7, 5 fois chez les patients diabétiques de type 2.
Elle démontre également que l’incidence des hyperglycémies est multipliée par 5 chez le diabétique de type 2 pendant le jeûne et par 3 chez le diabétique de type 1. Ces résultats s’expliquent notamment par la réduction excessive des dosages de médicaments anti hyperglycémiants et une alimentation chargée en sucre.
La diminution des liquides ingérés durant le jeûne prolongé ou une transpiration excessive peut entraîner une déshydratation, laquelle risque de favoriser la survenue d’une hypotension orthostatique qui peut, elle-même, être responsable de chutes et de fractures.
La déshydratation pourrait aussi augmenter le risque de thrombose et être responsable, en cas d’hyperglycémie majeure, de la survenue d’un coma hyperosmolaire, complication aiguë, gravissime et mortelle si elle n’est pas prise en charge.
Le spécialiste indique qu’il y a en effet des catégories de patients à haut risque, c’est-à-dire qui ne doivent pas du tout observer le jeûne. Ce sont les patients qui ont le diabète de type 1 ou qui ont eu une hypoglycémie sévère ou ceto-acidose ou coma hyperosmolaire durant les 3 mois précédents le ramadan.
Les femmes enceintes, les personnes ayant une insuffisance rénale au stade terminale ouune complication des gros vaisseaux avancée. Mais aussi les personnes vivant seules et traitées par sulfamides ou insulines ou qui font des activités physiques intenses. Il souligne que le risque est plus élevé chez le type1 que le type2. Par contre, les personnes qui peuvent jeûner sont les patients qui ont un diabète équilibré et qui sont sous régime seule ou associée à la metformine avec avis de leurs diabétologues.
Pour pratiquer le jeûne, ils doivent faire l’auto surveillance glycémique, reconnaître les signes d’hyperglycémie et d’hypoglycémie. Elles doivent notamment respecter l’horaire de la prise des médicaments, pratiquer des activités physiques modérées, s’hydrater pendant la nuit et dormir suffisamment.
Ce n’est pas tout, elles doivent surtout éviter de s’exposer au soleil, se rafraîchir le corps plusieurs fois pendant la journée, utiliser l’air climatisé si possible. Cependant, pour éviter les complications, il faut adopter des comportements sains. Cela consiste au moment de la rupture du jeûne à privilégier les aliments à index glycémie rapide tel que les dattes (1 à 3) et ensuite associer des boissons tièdes.
Boire l’eau, aprèsquelques fruits et légumes avant la prière puis les céréales ou féculents (to, riz, couscous, pomme de terre etc.). Il faut éviter lors du début du jeûne des aliments dont la digestion est lente et aussi diminuer l’huile. Par contre, le diabétologue recommande de rompre le jeûne lorsque l’hypoglycémie : glycémie est inférieure à 0,60g/l ou lorsque hyperglycémie : glycémieest supérieure à 2,5g/l.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR