«Les blouses blanches à l’indépendance du Mali vies et œuvres». C’est le titre d’un ouvrage publié par le Pr Bah Keïta, agrégé de pneumologie. Ce livre garde toute sa valeur d’histoire et d’actualité puisqu’il nous transporte dans l’univers médical de la période coloniale à l’indépendance (un vrai voyage dans le temps), avant d’ouvrir une fenêtre sur le même univers après l’accession de notre pays à la souveraineté nationale.

Il retrace les engagements et les actions des médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, infirmières et assistantes sociales, y compris les praticiens africains qui officiaient chez nous, dans leur combat contre les maladies infectieuses, les épidémies et dans les campagnes de vaccination pour immuniser les mômes contre les maladies infantiles.

Loin d’être exhaustif, l’ouvrage écrit par le Pr Bah Keïta tente d’explorer ce passé à la fois lointain et proche et d’apporter des éléments de réponse à certaines interrogations légitimes que pourraient se poser les jeunes générations sur la médecine d’antan, notamment celle de la période coloniale, le contexte et les exigences de formation des blouses blanches, leurs parcours scolaire et professionnel.

Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, l’auteur évoque trois raisons fondamentales qui l’ont poussé à écrire ce livre. D’abord, il a voulu faire connaitre les praticiens maliens d’une certaine génération et peu connus du grand public.

Il ambitionne aussi à travers son œuvre de faire le point sur la vision et la politique de santé développées par le président Modibo Keita et ses camarades à l’indépendance pour répondre au défi sanitaire d’alors (parce que notre pays manquait de compétences en nombre suffisant dans ce domaine aussi).

Enfin, une dernière motivation qui a prévalu chez l’auteur est un devoir de mémoire mais aussi cette envie de faire un clin d’œil à la jeunesse pour l’amener à se surpasser, à garder à l’esprit les pionniers de la médecine dans notre pays et leur rendre hommage.

L’œuvre proprement dite est constituée de quatre chapitres. Le chapitre I évoque la venue des colons et répond à certaines questions. Pourquoi ont-ils bâti ce système de santé ? Comment ils l’ont bâti ? Pourquoi former les indigènes ?

Le chapitre II relate le parcours académique des hommes et femmes (des blouses blanches) du primaire à William Ponty de Dakar et leur admission sur concours à l’école de médecine française de l’Afrique de l’Ouest. Le chapitre III traite du système de santé à l’indépendance du Mali : le 22 septembre 1960.

Il s’agit d’une évaluation de l’héritage du colon et des défis auxquels le président Modibo Keita a fait face avec 70 médecins, 8 pharmaciens, 1 dentiste, 61 sages-femmes pour tout le Mali.

Dans un premier temps, le père de la nation a développé une politique sanitaire basée sur trois axes : une médecine de soins individuels, une médecine de masse et la promotion de l’hygiène et de la salubrité. Et le chapitre IV nous apprend un peu sur la vie des blouses blanches africaines qui ont travaillé dans notre pays.

Le Pr Bah Keïta a été confronté à d’énormes difficultés dans la collecte des informations. Il a passé trois ans pour les recueillir. Pr agrégé de pneumologie, il a une riche carrière de clinicien, d’enseignant-chercheur. Cet universitaire est un ancien haut fonctionnaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il est auteur ou co-auteur de nombreux ouvrages et compte à son actif plus d’une centaine d’articles scientifiques publiés dans des revues internationales de haut vol. Membre de plusieurs sociétés savantes, le Pr Keïta a reçu de nombreuses distinctions honorifiques au Mali et à l’étranger.

Son ouvrage de 207 pages, vendu à 5.000 Fcfa et édité par les éditions Jamana, est disponible à la librairie du Grand hôtel et à d’autres librairies de la place.

Oumar SANKARÉ

Source : L’ESSOR