Le second tour des élections législatives prévu pour ce 19 Avril 2020 au Mali, s’approche. Pour ce dernier virage, des combats de titans et sans merci, sont attendus entre candidats de certaines listes, notamment à Bamako.
Une commune où ce combat des colosses est inévitable, est celle de la Commune IV du District de Bamako. Dans cette collectivité, au premier tour, on a vu la liste Yéléma conduite par Moussa Mara et Hassane Sidibé, arrivée en tête avec 28 % et quelques devant celle de l’UDD-PSDA (16%). Terrassées au premier tour par Mara et Hassane, ne parvenant pas certainement à digérer leurs défaites, et pour se consoler, une vingtaine de formations politiques, a décidé de soutenir la liste UDD-PSDA pour barrer la route à la liste Yelema. «Tout sauf Mara», entend-on dans les causeries et slogans. Mais certaines couches de la population de la Commune IV ne semblent pas être du même avis que ces nombreuses formations politiques d’empêcher la liste Yélema d’accéder à l’hémicycle. C’est le cas des organisations religieuses musulmanes de la commune, notamment l’Union nationale des associations de femmes musulmanes du Mali (Unafem), l’Union des Imams et Erudits du Mali (UMama), les maitres coraniques, l’association des jeunes musulmans, et autres regroupements dont Sabati 2012. En bloc , elles ont ainsi décidé de soutenir la candidature de la liste Yelema. Une guerre de fauves est sans conteste attendue dans cette commune. Sans risque de se tromper, l’on peut dire que c’est un bras de fer en vue entre religieux musulmans et partis politiques. Même si les protagonistes écartent cette hypothèse.
Et si l’effet Amadou Ouattara et Bocary Tréta joue en défaveur de Moussa Timbiné en Commune V ?
La bataille des géants est sans nul doute aussi attendue en Commune V aussi entre la liste RPM-APR de Moussa Timbiné arrivée en tête et l’alliance Adema-URD- ADP- MALIBA. Primo, le fait qu’il n’y a pas eu un écart considérable entre la liste de Moussa Timbiné et l’alliance Adema-URD-ADP-Malia. Secundo, pour qui connait la capacité de mobilisation de l’Adema et de l’Urd lors des joutes électorales, associée à la montée en puissance de l’ADPM-Maliba, la liste RPM-APR aura fort à faire pour gagner . Autre facteur à ne pas négliger lors ces joutes en commune V, les multiples mésententes, de déstabilisations entre les différents barons du RPM. Qui ne souvient pas des révoltes des populations de la Commune V contre le Maire Amadou Ouattara ? On soupçonnait certains membres influents du RPM de la commune d’être derrière ces révoltes. Est-ce que le fait d’avoir mis à l’écart Bocary Tréta, président du RPM, et le maire Amadou Ouattara, secrétaire général du RPM, lors du choix des candidats du parti dans cette commune restera sans conséquence lors de ce second tour ? Cela ne va-t-il pas se retourner contre le RPM? Autant d’interrogations qui auront certainement leurs réponses au soir du 19 avril 2020. Difficile donc de vendre la peau du loup avant de l’avoir abattu dans cette guéguerre démocratique.
L’affaire Birama Touré a-t-elle contraint Karim Kéita au second tour ?
Mis en ballotage aussi en Commune II du District de Bamako, la liste RPM-Adema-MPM sur laquelle figure Karim Kéita, fils du président de la République, et député sortant, croisera le fer avec celle de l’URD-ADP MALIBA-CODEM. La liste du fils du Président avait été créditée d’avoir menée la meilleure campagne. Mais ayant été surprise par la liste URD ADP MALIBA-CODEM, arrivée en seconde position, le fiston national et ses colistiers sont contraints à un second tour. Cela dénote que l’alliance RPM-Adema-MPM a toujours sur sa tête l’épée de Damoclès. Surtout que ces derniers temps, des voix s’élèvent contre une réélection de Karim Kéita. C’est le cas d’un collectif d’associations qui est monté au créneau, mardi dernier, pour barrer la route à Karim. En dehors de cette protestation, l’on se demande si l’affaire Birama Touré (journaliste disparu depuis 2016) dans laquelle le nom de Karim est cité était passé par là. Certaines notabilités de Bamako avaient d’ailleurs appelées à voter contre le fiston national lors du premier tour.
A Dioïla, Mamadou Diarrassouba pourrait payer cash sa grande confiance en lui
Le grand questeur de l’Assemblée nationale, non moins secrétaire chargé à l’organisation du bureau national du RPM, Mamadou Diarrassouba de Massigui, a pris le gros risque d’aller seul en compétition, sans alliance, à Dioila, aux élections législatives de 2020. Mais sa grande capacité de mobilisation et sa popularité, et malgré que le RPM dispose de 13 maires sur les 23 que compte la région et plus de 150 conseillers sur les 409, n’ont pas suffi pour lui et à ses quatre colistiers (Moussokoura Samaké de Dioïla, Marie Noëlle Coulibaly de Béléko, Yiri Kéïta de Fana et Issa Bafing Coulibaly de Banco) d’être élus dès le premier tour par les populations de Dioila. Crédité de 43,01%, le RPM a été contraint au second tour par l’alliance Modec, ADP-Maliba, URD avec ses 20,95%. L’espoir reste de mise pour la liste de Mamadou Diarrassouba au second tour avec ce large avantage sur ses rivaux. Mais l’histoire de Konimba Sidibé, président du MODEC, député sortant, parti sur liste propre en 2013, nous oblige d’avertir Mamadou Diarrassouba que rien n’est joué d’avance. Qu’il pourrait être battu à plate couture au second tour si les alliances venaient à être bien ficelées contre lui et ses colistiers, comme ce fut le cas contre Konimba Sidibé en 2013 avec l’alliance RPM/URD/Fare Anka Wuli /Adema-Pasj que lui-même pilotait.
Hadama B. Fofana
Source: Lerepublicainmali