Annoncé depuis quelques jours, le gouvernement du Mali, à travers le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MENESRS) a donné le ton de la continuité des activités pédagogiques à l’école à travers la télévision nationale, à la radio et sur internet. Les élèves des classes d’examens ont été les plus sollicités pour cette première journée. Selon le département, cette démarche s’inscrit dans la volonté du gouvernement de respecter le droit à l’éducation de tous les enfants pendant cette période difficile que traverse notre nation mais aussi à inscrire, à long terme, l’enseignement à distance dans nos pratiques éducatives.
En effet, cette initiative a été développée par le gouvernement, pour réfléchir à la mise en place d’un dispositif pour assurer la continué pédagogique, avec la problématique de Coronavirus ou Covid-19 au Mali qui a contraint l’État de fermer les écoles de trois semaines d’abord, puis prolongée au 9 mai prochain. Face à la situation, estime le département, il est capital que les élèves et les étudiants continuent d’apprendre. D’où cette idée d’assurer la continuité pédagogique à travers les mediums tels que la télévision, la radio et l’internet et autres réseaux sociaux. Pour la réussite de cette opération, avait dit le ministère, il apparait important et nécessaire que chacun s’investisse pour porter l’information auprès des parents d’élèves, des élèves, des élus et de toute la communauté éducation. «Toutes les administrations scolaires doivent se sentir concernées et accompagner le processus. Il vous sera incessamment demandé de mettre en place des comités Pédagogiques qui s’attèleront à la production des ressources pédagogiques destinées à être diffusées sur la radio, la télévision et l’internet et autres réseaux sociaux», avant indiqué les autorités éducatives du pays.
Mais cette nouvelle pédagogie scolaire soulèvent beaucoup d’interrogation à savoir : comment les élèves ont suivi les cours? Comment les élèves des zones les plus reculés du Mali ont suivi les cours? Comment se passe l’interaction entre les élèves et les maitres? En dehors des cours aussi, les classes étant fermées, comment les élèves pourront avoir des réponses à leurs soucis ? Comment les évaluations seront-elles faites ?
A ces différentes questions vient s’ajouter le refus de la Coordination des syndicats signataires de l’éducation du 15 octobre 2016 (SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES) de prendre part à la nouvelle initiative pédagogique. Selon la coordination des syndicats signataires de l’éducation du 15 octobre 2016, cette volonté du gouvernement malien d’organiser des cours à distance à travers les médias, vise à « saper les mouvements de lutte des enseignants.» Pour elle, ces cours ne l’engagent nullement pas et n’apportent aucun intérêt pédagogique pour les élèves pour qui connaissent les conditions de ce pays. La coordination a ainsi appelé ses militants « à ne pas accompagner ces cours à distance sans lendemain.»
Pour rappel, cela fait plusieurs mois que le gouvernement et les enseignants grévistes croisent le fer à propos de l’application de l’article 39 qui stipule que « toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale ». L’on se souvient que les enseignants grévistes avaient observé une grève de 20 jours, soit 480 heures allant du lundi 17 au vendredi 21 février 2020, du lundi 24 au vendredi 28 février 2020, du lundi 02 au vendredi 06 mars 2020 et du lundi 09 au vendredi 13 mars 2020 inclus si la revendication n’est pas satisfaite. La rétention des notes est avec effet immédiat. Cette grève a précédé d’autres cessations de travail par les enseignants signataires du 15 Octobre 2016. A savoir aussi qu’ils ont battu plusieurs fois le pavé. La dernière a été réprimée d’ailleurs violement par les forces de l’ordre. Malgré cette répression, ne comptant pas se laisser faire, les enseignants grévistes, ont encore déposé un autre préavis de grève de 25 jours qui fût retiré ensuite avec la fermeture des écoles par le gouvernement malien pour raison du Covid-19.
Hadama B. Fofana
Source: Lerepublicainmali