La 8ème édition du festival International Urban Music and Mode s’est tenu du 28 au 30 mars 2018 dans la commune rurale de Baya. En même temps de ce rendez-vous important de la culture urbaine, se tenait un concert géant du groupe de Rap Nigga Fama au stade du 26 mars. Ces deux évènements ont tenu toutes leurs promesses malgré le fait qu’ils aient été tenus dans un contexte de deuil national. La question se pose alors de savoir si la culture festive doit être muette pendant cet ultime hommage de la Nation ?
Placé sous le thème « Rôle des femmes et de la jeunesse dans la réconciliation », l’édition 2019 du Festival International de Sélingué se voulait en phase avec la situation sécuritaire de notre pays. Cependant le maintien de sa programmation a donné lieu à une polémique.
En effet, lancé dans la journée du 28 mars dans la commune rurale de Baya, l’édition a coïncidé avec le deuil national décrété le même jour à 19h10 par le Gouvernement du Mali en hommage aux victimes de l’attaque terroriste du 23 mars 2019, perpétré contre les populations du village de Ogossagou, avec un bilan macabre de plus de 150 morts.
Face aux polémiques l’administrateur du FIS, Ibrahima Coulibaly s’explique : « Quand les 3 jours de deuil national ont été décrétés, le festival était déjà lancé, les exposants et certains festivaliers étaient déjà sur place. Ils avaient déjà investi. Il ajoute : « pour compatir à notre façon, nous avons opté pour le port de brassards noirs et par l’observation d’une minute de recueillement avant le début des festivités».
La même polémique a sailli au lendemain d’un concert hors norme tenu, avec près de 50 mille spectateurs selon les organisateurs, du groupe Nigga Fama au stade du 26 mars.
Que dit la loi ?
Il est judicieux de préciser qu’un deuil national est une journée dont le gouvernement d’un pays décide officiellement qu’elle sera marquée durant les activités de la population par le deuil et la mémoire d’un ou plusieurs morts auprès de l’opinion publique de ce pays. C’est une décision qui se traduit par la mise en berne des drapeaux. Il faut surtout noter que les actions à mener ne sont toutefois pas codifiées par la loi. En clair, aucune loi ne fait mention de l’interdiction de manifestation lors de deuil national.
Vivre malgré tout ?
Bien que la situation dans la région de Mopti soit triste et regrettable, les acteurs culturels, pensent que la culture, sous toutes ses formes, doit être un rempart. On ne devrait pas la faire taire sous le prétexte des attaques terroristes. Pour certain, il faudrait au contraire, rappeler notre volonté de nous affranchir de ces attaques et de cette volonté de nous priver de culture.
Pour Oumar Traoré, festivalier, ce qui s’est passé à Ogossagou est déplorable « Mais il faut continuer de vivre. » C’est sans doute le message compris par les festivaliers car malgré le deuil national, il y a eu plus d’engouements cette année que l’année dernière au FIS. Son administrateur, Ibrahima Coulibaly, souligne que la culture est un bon moyen de réconciliation.
Une raison économique est évoquée pour justifier la nécessité pour la culture festive de continuer malgré la crise et ses péripéties. Yacouba FOMBA, boutiquier à Sélingué et Abdoulaye DANIOKO, acteur culturel, nous en donnent les meilleurs arguments. Pour le premier, Le festival est une bonne occasion pour avoir plus d’entrées d’argent en cette période. Et, le second de souligner que leur capacité pour subvenir aux besoins de leurs familles dépend des manifestions culturelles. Il renchérit : « si on arrêtait les festivals et autres manifestions culturelles comment nous, hommes de culture, allons vivre ? »
Bamakonews