En effet, cela fait plus d’un mois depuis que Boubou Cissé demeure introuvable, alimentant les supputations. Pour les uns, il est toujours dans le pays refugié dans une chancellerie ou à l’intérieur du Pays ; pour les autres, il aurait quitté le pays. Les cinq autres prévenus visés par la même information judiciaire que l’ancien Premier Ministre ont, quant eux, été arrêtés et écroués, le 24 décembre 2020.
Il s’agit du Chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily, dit « Ras Bath », accusé d’outrage à la personne du chef de l’Etat, Bah N’Daw, le Président de la transition, sur les ondes de Renouveau FM. Il y a aussi Vital Robert Diop, Directeur Général du PMU Mali, accusé d’avoir mis à disposition 200 millions de francs CFA dans ce soi-disant projet de complot ainsi que les argentiers Mahamadou Koné, Souleymane Kansaye et Aguibou Tall (demi-frère de Boubou Cissé).
La justice les accuse de tentative de déstabilisation des Institutions de la transition. Selon le procès-verbal d’enquêtes préliminaires, les enquêteurs du Service d’Investigations judiciaires de la Gendarmerie ont découvert « que l’ancien Premier Ministre Boubou Cissé et certains cadres du cercle restreint de l’Etat travailleraient en bonne intelligence dans le but d’entretenir un climat de tension sociale, en vue de perturber la transition, rendant ainsi aléatoire tout projet de stabilité et de développement ».
Toujours, selon le même document, « le groupe, à travers ses appuis financiers, cherchait des soutiens de l’intérieur comme de l’extérieur, en vue de mettre fin au Régime de la transition », déclenchant son action « à travers des mouvements syndicaux pour aboutir à des troubles perturbant ainsi les actions des Gouvernants ». Des accusations que l’ancien Premier Ministre nie formellement.
Aussi, lors d’un entretien avec le journal suisse « LE TEMPS », Dr Boubou Cissé a expliqué les motifs de sa disparition : « Ma maison a été visitée par des Agents de la Sécurité d’Etat, le 24 décembre, alors que j’étais sorti faire une course. Ils ont violenté mes employés pour qu’ils disent où j’étais. Mais lorsque mon Avocat a contacté la Sécurité d’Etat pour demander si on me recherchait, on lui a dit que non. J’ai, donc, pensé qu’on essayait d’attenter à ma vie. C’est pourquoi je vis caché dans le pays depuis dix jours ».
Il affirme ne pas vouloir se soustraire à la justice : « Des gens qui débarquent à la maison, lourdement armés, qui violentent mes employés de maison, j’ai préféré me mettre en sécurité. Si la justice avait demandé à me voir, j’y serais allé ».
Enfin, selon Boubou Cissé, l’information judiciaire ouverte le 28 décembre, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, est : « un potentiel nettoyage politique, peut-être même un assassinat politique», clame-t-il.
Mémé Sanogo
Source: Journal L’Aube- Mali