Des dizaines de membres de la communauté burundaise de la région de la capitale fédérale se sont rassemblés devant le parlement, mercredi, pour honorer la mémoire des personnes exécutées par le gouvernement du Burundi.
En se recueillant ainsi tous les mois de décembre depuis 2015, les Burundais d’origine vivant au Canada veulent dénoncer la violence perpétrée par gouvernement de Pierre Nkurunziza.
Pour le président de l’Alliance des Burundais du Canada, Charles Makaza, ce rassemblement annuel est la meilleure façon de rendre hommage aux personnes tuées.
On meurt deux fois : on meurt le jour où on meurt, et on meurt avec l’oubli. En premier, nous voulons éviter cet oubli-là.
Le président Nkurunziza a sollicité un troisième mandat consécutif, chose interdite par la constitution du pays et certaines conventions, a avancé M. Makaza lors d’un entretien à l’émission Sur le vif.
Il a ajouté que cette décision a causé l’indignation chez la population et certains groupes armés dans le pays.
Avant tout, c’est un rififi entre des groupes armés qui a eu lieu. Pour se venger, le gouvernement a tué des civils. Essentiellement, il a visé beaucoup de jeunes
, a-t-il raconté.
Selon des enquêteurs de l’ONU, des membres de l’opposition auraient notamment été exécutés ou enlevés. Ils affirment que certains des gestes commis constituent des crimes contre l’humanité. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime que 300 000 Burundais ont quitté leur pays depuis avril 2015 en raison de la violence.
On avait signé les accords d’Arusha qui avaient stabilisé le pays. Dans ces accords-là, c’était interdit qu’un président puisse faire plus que deux mandats. Il a décidé par la force de faire ce mandat de trop et malheureusement, ça a été un mandat qui a abouti dans le sang […] et qui est toujours contesté en ce moment
, a-t-il dit.
La vigile annuelle de la communauté burundaise sert non seulement à honorer les personnes exécutées en 2015, mais aussi celles qui sont victimes de persécution aujourd’hui, a affirmé M. Makaza.
Il faut savoir que les morts continuent […] il y a beaucoup, beaucoup de disparitions forcées
, a-t-il expliqué. Pour nous, c’est très difficile, on est non seulement dans la douleur, mais on doit aussi attirer l’attention.
Même s’ils demeurent aujourd’hui au Canada, certains Burundais hésitent toujours à manifester ou à permettre la prise de photos lors de rassemblements, de peur qu’ils soient reconnus et que leurs proches restés en Afrique soient persécutés par le gouvernement.
Source: radio-canada.ca