Notre confrère Birama Touré a cessé de donner signe de vie depuis le 29 juillet 2016. Où est-il passé ? Qu’est-il devenu ? S’interroge le monde de la presse. Quatre ans après cet événement tragique, rien n’a bougé dans l’enquête ouverte par la justice. Comment peut-on vouloir établir la lumière sur des actes de corruption et, en même temps, rester sourd à la disparition d’un journaliste ?
Aujourd’hui, le dossier semble prouver l’échec de la démocratie malienne. Aussi, se trouve-t-il que toutes les preuves ont disparu. Et pourtant, ce sont deux juges d’instruction qui sont chargés du dossier. L’un est malien et l’autre est français. La presse, restée sur sa faim, s’inquiète jour après jour du sort réservé à Birama Touré. Les enquêtes ouvertes n’ont toujours rien révélé et la justice est restée au point mort. Comment un pays peut-il avancer dans ces conditions. Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, en présentant ses vœux de nouvel an à la presse le 27 janvier 2020, a soutenu que « l’assassinat des journalistes demeure un phénomène inquiétant ». Il a surtout reconnu que pour redresser le pays, retrouver l’unité nationale et restaurer l’autorité de l’Etat, il faut nécessairement renouer avec la liberté et la justice. Selon lui, cela passe nécessairement par une presse de qualité, indépendante et plurielle. Le président de l’URD n’a pas passé sous silence le fait que la presse, considérée comme 4è pouvoir, joue un rôle de sentinelle de la démocratie. Toujours est-il que la question qui se pose est de savoir pourquoi la commission rogatoire annoncée par la justice n’est pas encore partie en France pour écouter des témoins. Sur le plateau du « débat politique » d’Africable du dimanche 2 février 2020, Me Cheick Oumar Konaré a qualifié cette affaire de « dossier ténébreux ». A l’entendre de façon intelligente, nul ne sait quand la vérité éclatera dans cette affaire. Il a expliqué que la justice est par nature lente et est encore plus lente quand le dossier est compliqué. Selon lui, ce dossier est entouré par une passion extrême. De son côté, le 1er vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry, a d’abord reconnu que « le temps de la justice n’est pas le temps médiatique ». Cependant, il a déploré la non-tenue du procès pour diffamation intenté par Karim Keïta contre le directeur du journal le Sphinx. Il a affirmé que si le procès avait eu lieu et arrivé à terme, cela pourrait aboutir à des indices et à la limite faire avancer les enquêtes. Hélas, à cause des vices de forme de la procédure, ce dossier a été classé. Pour que la vérité puisse éclater, il faut que la justice fasse son travail.
Jean Goïta
Source : la lettre du Peuple