Ce n’est un secret pour personne que Macron, qui est devenu président de la France en 2017, a été l’un des premiers supporters de l’expansion controversée d’Uber, qui impliquait des affrontements parfois violents entre les chauffeurs de taxi et Uber en France. Mais les messages internes des dirigeants de l’entreprise de 2013 à 2017 suggèrent que le soutien de Macron est allé bien au-delà de ce qui a été connu publiquement et a parfois été en conflit avec les politiques du gouvernement de gauche qu’il a servi. Lundi, l’ancien lobbyiste d’Uber, Mark MacGann, s’est publiquement identifié comme étant la source des dossiers.
The Uber Files est une enquête internationale sur l’entrée agressive de l’entreprise de covoiturage dans les villes du monde entier, tout en remettant fréquemment en question la portée des lois et réglementations existantes. Des documents illustrent comment Uber a courtisé d’éminents dirigeants politiques, des oligarques et des conglomérats médiatiques alors qu’elle cherchait à s’implanter en dehors des États-Unis.
Un lobbyiste d’Uber a décrit Macron comme un «véritable allié». Selon les dossiers, les dirigeants et lobbyistes d’Uber pensaient que Macron était prêt à les soutenir en poussant les régulateurs à être « moins conservateurs » dans leur interprétation des règles limitant les opérations de l’entreprise et en tentant d’assouplir les règles qui entravaient l’expansion de l’entreprise en France. À certains moments, même Uber a été surpris par l’ampleur de son soutien.
Uber n’a pris au sérieux l’idée d’avoir une présence française majeure qu’au moment où Macron est devenu ministre de l’Économie, en 2014. Macron a rencontré des dirigeants d’Uber et a élaboré une stratégie sur des mesures qui semblaient parfois s’opposer aux objectifs du Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, et d’autres qui ont préconisé des règles plus strictes pour Uber et les entreprises similaires.
La présentation d’Uber au public français semblait parfaite pour les espoirs de Macron de faire de la France une «nation start-up». Macron et l’entreprise ont tous deux promis que leurs plans bénéficieraient aux groupes défavorisés, négligés dans le passé. La stratégie coûteuse d’Uber pour évincer les taxis du marché a radicalement changé à l’automne 2015. L’entreprise a réduit les tarifs de manière inattendue, réduisant considérablement les revenus de ses chauffeurs. Déçus, beaucoup ont cessé de prendre les commandes.
Alors même que les critiques à l’encontre de l’entreprise montaient, Macron a continué à applaudir l’entreprise en 2016 pour sa lutte contre «l’exclusion». Uber affirme que son expansion a « contribué à la croissance » du marché global et ne s’est pas faite au détriment des chauffeurs de taxi. Mais selon les syndicats de taxis, du moins au début, le soutien de Macron à Uber a aggravé une menace pour leurs entreprises. En quelques mois, la demande de courses en taxi a chuté, selon les syndicats, et les licences de taxi ont considérablement perdu de leur valeur, chutant de dizaines de milliers de dollars.
Les documents d’Uber montrent que les inquiétudes exprimées il y a des années concernant l’entrée d’Uber sur le marché français étaient, dans certains cas, justifiées. Lorsque des chauffeurs de taxi enragés, craignant pour leur survie professionnelle, affrontaient leurs concurrents Uber dans les rues de Paris en 2015 et 2016, certains dirigeants d’entreprise considéraient les affrontements physiques comme un moyen de gagner la sympathie et le soutien du public.
Ce mardi 12 juillet, les critiques croissantes du président français Emmanuel Macron ont suscité des appels à une enquête et ont dominé la première séance de questions au gouvernement depuis les élections du mois dernier.
« En substance, votre projet est [de créer] la société d’Uber d’un travailleur sans droits. C’est un suicide social collectif », a déclaré mardi Danielle Simonnet (la France insoumise), députée de gauche.
Jean-Luc Mélenchon (la France insoumise) s’est régulièrement plaint de « l’ubérisation » de la société française. Il a dénoncé le soutien de Macron à un secteur qui selon lui, viole les droits des travailleurs.
Mathilde Panot (la France insoumise) a suggéré que Macron avait aidé Uber à « piller le pays » et reproché au président d’avoir agi en tant que « lobbyiste d’une multinationale américaine visant à déréglementer définitivement le droit du travail ».