Le 29 décembre dernier, le premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a démissionné à la grande surprise des observateurs avertis de la classe politique. Depuis les supputations vont bon train. Les uns affirment qu’il ne s’était pas entendu avec son patron, IBK sur les ministres à sortir dans le cadre d’un réaménagement interne. Les autres soutiennent que c’est parce qu’il s’était opposé au report des régionales qu’il a été congédié.
En réalité, des sources dignes fois indiquent qu’il a été contraint à la démission pour la simple et bonne raison qu’il lui manque une qualité : celui de rassembleur.
En effet, il a la réputation d’être un homme honnête, travailleur, et loyal. En plus de ces qualités, il n’a pas démérité eu égard aux frondes sociales qu’il était parvenu à calmer. En politique, pour réussir, il faut être un grand rassembleur. Ce qui manque cruellement au désormais ancien Premier ministre. La dimension loyauté vis-à-vis du président de la République n’est pas du tout suffisante pour rassembler diverses catégories sociales professionnelles et autres hommes politiques. Le président de la fédération RPM de Gao peine à rassembler au sein de sa base électorale, à fortiori au niveau de l’instance dirigeante des tisserands. Il est rigide sur les principes, il ne fait aucune concession et demeure exigeant sur ses directives.
Il faut le répéter, Abdoulaye Idrissa Maïga a des problèmes à maintenir la cohésion de sa fédération. La preuve est qu’au niveau de la section RPM de Gao, il existe deux bureaux. Une plainte non tranchée est toujours sur la table du Bureau politique de RPM à l’HYPPODROME. Pendant qu’il était Premier ministre, il n’a pas pu faire trancher cette affaire en sa faveur. Imaginer donc la situation demain ou après-demain. Ce n’est pas tout, la liste RPM à Gao pour les régionales n’a pas été inclusive parce que Abdoulaye Idrissa Maïga a donné des directives excluant ses adversaires politiques, notamment le groupe du jeune douanier Dramane Diakité. A Bamako, depuis qu’il a été nommé, il n’a pris part à aucune réunion du Bureau politique.
Pire, Tréta, l’homme fort du parti et ses partisans ont été traqués de toute part. Aucun signe de rassemblement d’unité, et de cohésion du parti n’a été donné par l’ex-Premier ministre. Au rythme où il allait, c’était le mécontentement total au sein des structures du RPM. A cette allure, vous comprenez bien qu’il ne pourra pas travailler convenablement pour une éventuelle élection d’IBK. Celle-ci passe nécessairement par un grand rassemblement, alors qu’Abdoulaye était dans des démarches clivates. Au niveau de la Convention de la Majorité présidentielle, la guéguerre entre son clan et celui de Tréta handicapait le fonctionnement régulier de cette organisation politique.
En outre, au sein du Gouvernement, il entretenait des relations difficiles avec les ministres Housseyni Amion Guindo des Sports, Bathily de l’Urbanisme, Mohamed Ay du Développement Industriel, Dr Boubou Cissé des Finances et bien d’autres. Dans son entourage à la primature, il n’écoutait pas les conseils qu’on lui prodiguait. Dès qu’il se fait une idée, « il fonce, écoute les uns et les autres mais il ne change jamais d’avis », nous a confié un membre de son cabinet. Encore une fois de plus, s’il y a un motif pour résumer le départ d‘Abdoulaye Idrissa Maïga de la primature, c’est bien parce qu’il peine à rassembler.
El Hadj Chahana Takiou
Source: 22 Septembre