Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Général Sada Samaké a bien raison de vouloir assainir les forces de sécurité en extirpant de leur effectif, les éléments qui s’adonnent à des comportements qui ne les honorent pas. Mais, plutôt les discréditent aux yeux de la population qu’elles sont censées protéger. C’est le cas du commissaire principal du 10ème arrondissement, Aminata Diallo qui vient de se rendre coupable d’amalgame et de délit de faciès sur un jeune tamasheq en lui refusant la carte d’identité nationale parce qu’il a douté de sa nationalité et son lieu de naissance sans pour autant détenir de preuves.
Les faits se sont déroulés mardi dernier. Informé de la décision du gouvernement d’entreprendre un contrôle physique des agents de l’Etat, M. Ag. D, un jeune chauffeur au ministère du Développement rural, d’ethnie tamasheq, décide d’aller renouveler sa carte nationale d’identité au niveau du commissariat du 10ème arrondissement à cause du mauvais état de sa photo sur son ancienne carte qui doit expirer en 2015. Par la même occasion, il a décidé de chercher celle de son épouse aussi.
Spéculation à outrance sur la carte nationale d’identité
Arrivé sur les lieux avec un ami et son épouse, les policiers du 10ème arrondissement prennent avec le couple, 7500 pour les deux pièces d’identité. Ce qui fait 3750F par carte d’identité au lieu de 1700 F.
Cette situation prouve que la spéculation sur la carte d’identité nationale demeure une réalité dans les commissariats de police, malgré les nombreuses mises en garde du ministre Sada Samaké qui, durant une tournée qu’il vient de boucler dans toutes les régions du Mali à l’exception de Kidal, accompagné du DG de la police nationale, de la Gendarmerie nationale, du chef d’état-major de la Garde nationale, a rencontré les services de sécurité auxquelles il a donné des instructions fermes : La fin de la spéculation sur la carte d’identité nationale dont le prix est de 1700 F, la fin de l’entretien de la pénurie pour pousser les populations à délier les cordons de la bourse, la sécurisation des personnes et de leurs biens, avant de promettre la sanction et la radiation des éléments auteurs de comportements déviants….
Au commissariat du 10ème arrondissement, nos sources indiquent que la carte nationale d’identité est toujours vendue entre 3500 et 10.000 selon la tête du client et le pouvoir de marchandage de ce dernier.
Amalgame et délit de faciès
Notre jeune tamasheq qui est le neveu d’un ancien ministre qui a beaucoup fait pour le retour à la paix après la rébellion au nord dans les années 1990, sera surpris de voir qu’à l’heure du rendez-vous pour le retrait, sa carte d’identité n’a pas été signée par le Commissaire principal Aminata Diallo qui demande sa présence physique.
Il sera stupéfait par les questions que le commissaire Diallo va lui poser : « Est-ce que vous êtes né à Bamako ? Qu’est-ce qui me prouve que vous êtes né à Bamako ? J’ai une base de données sur mon ordinateur qui peut prouver que vous n’êtes pas né à Bamako ».
Avant d’ajouter qu’elle peut jurer qu’il n’est pas né à Bamako et qu’il a fait un jugement supplétif pour avoir les documents administratifs dont il dispose : Ancienne carte d’identité nationale, carte professionnelle, acte de naissance….
Selon M. Ag. D, dès que le commissaire a vu qu’il porte un nom tamasheq, elle a douté de lui. Sans compter qu’il a répondu à toutes ses questions en français sans utiliser le moindre mot en bambara qu’il maitrise très bien pour être né à Bamako et y avoir toujours vécu.
A l’en croire, il était venu établir une nouvelle carte d’identité pour éviter tout problème lors du contrôle physique des agents de l’Etat, qui a débuté lundi et dont leur tour était prévu pour le mercredi. Selon lui, son ancienne carte devrait expirer en 2015, mais à cause du mauvais état de sa photo, il a voulu établir une nouvelle carte pour éviter tout problème avec les agents chargés de ce contrôle.
Mais, le commissaire principal du 10ème arrondissement lui a créé toutes sortes de problèmes à cause de sa physionomie et de son nom. Selon lui, pour prouver qu’il est bien né à Bamako, le commissaire Aminata Diallo est même allée jusqu’à lui demander d’aller chercher sa maman pour que celle-ci vienne témoigner. Séance tenante, M. Ag. D est parti chercher sa mère, une vieille femme.
Arrivés au commissariat, elle refuse de la recevoir sous prétexte qu’il est déjà l’heure de la descente avant de leur demander de revenir le lendemain mercredi. Ainsi, toutes les autres personnes ont eu leurs cartes d’identité, sauf notre jeune tamasheq, même son épouse qui est une malinké.
Le lendemain, le jeune tamasheq M. Ag. D se rend de nouveau au 10ème arrondissement avec sa vieille maman pour son témoignage. Mais il n’était pas au bout de sa peine. Car, malgré ce témoignage, le commissaire Aminata Diallo, n’a pas voulu signer sa carte d’identité. Ce qui l’a un peu irrité. C’est pourquoi, il demanda à ce qu’on lui rende son ancienne carte pour en finir avec cette histoire. Toute chose qui lui a été été aussi refusée.
Vu le comportement du tout puissant commissaire Aminata Diallo, d’autres policiers vont entrer dans la danse pour venir la supplier avant qu’elle accepte de signer la carte. Après l’avoir signé, le seul argument qu’elle a pu donner est qu’à la veille, le jeune tamasheq M. Ag. D ne s’est pas exprimé en bambara pour prouver qu’il est bien de Bamako.
Aussi, qu’il n’a pas pu donner le numéro de la porte de la maison et de la Rue où il habite. Mais aussi, qu’il lui aurait laissé entendre qu’il ne comprend pas bambara. Chuuut !Propos d’une assermentée.
- Diarra
Source: Le Tjikan