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Découpage administratif : Les limites objectives de l’accord pour la paix

Présenté comme le meilleur deal qu’une autorité malienne n’ait jamais conclu avec les rebellions précédentes, l’Accord issu du processus d’Alger révèle du jour au lendemain ses tares. L’impossibilité de la mettre en œuvre – deux années et demie après sa signature – est déjà assez révélatrice des énormes difficultés auxquels il achoppe et que les parties ont du mal à surmonter.

Mais aucun obstacle, toutes proportions gardées, ne l’a jusqu’ici plus révélé sous ses traits pessimistes que le nouveau découpage administratif. La mesure ne figure pas explicitement dans l’Accord pour la paix, certes, mais elle n’en est pas moins une composante d’autant plus prépondérante que son application aux régions septentrionales allait faire un vicieux effet domino sur l’ensemble de la carte administrative du pays. C’est bien avec la consécration des régions de Taoudenit et Menaka, en effet, que s’est ouverte la boîte de Pandore qui alimente la polémique depuis qu’un certain projet de découpage s’est échappé des mailles de l’administration. Sans l’assumer ouvertement comme tel, les plus hautes autorités n’y ont pas renoncé pour autant. Sauf qu’à la nébuleuse ayant jusqu’ici caractérisé le processus du découpage a vite laissé la place à la contraignante démarche participative consistant à l’adouber de la caution des populations à travers des concertations à la base. En attendant le résultat de la nouvelle dynamique insufflée par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga – lequel affronte déjà une haie de réserves dans la classe politique – le projet aura fini de déclencher une puissante vague de protestations qui en dit long sur l’explosivité d’une bombe d’antipathie qui couve dans l’Accord. Associations déjà existantes ou créées pour la circonstance, organisations politiques et mouvements ou milices d’autodéfense, entre autres, sont montés au créneau pour opposer un front commun contre la mesure dès l’étape embryonnaire, dénonçant de nombreux déséquilibres dans les affectations et combinaisons de ressorts administratifs pour d’aucuns, des maldonnes communautaires et identitaires pour d’autres.

C’est pour rectifier le tir que s’ouvrent ce mardi des concertations décentralisées sur la question, avec la forte probabilité qu’elles soient affectées par les séquelles et stigmates des tentatives dolosives de l’imposer aux populations.

Quoi qu’il en soit, si l’espoir d’une entente est envisageable dans la partie sud du pays, l’accomplissement du processus s’assimile plus à une gageure du côté opposé où sont réunis tous les ingrédients de la méfiance et des rivalités intercommunautaires inflexibles. C’est ce qui est sous-jacent, en tout cas, dans la plupart des motifs de rejet évoqués par les entités associatives et identitaires hostiles au projet et dont l’intérêt a essentiellement porté sur les rapports et proportions de représentativité institutionnelle devant découler du découpage tel qu’il a été annoncé. Plus d’une vingtaine d’élus parlementaires pour les communautés minorités pendant que la majorité sédentaire en compte une douzaine à peine sur l’ensemble des régions du Nord-Mali. C’est la résultante des nombreuses préfectures constitutives aux nouvelles régions créées en vertu d’un Accord, dont les tares congénitales apparaissent au grand jour en étant manifestement rattrapée par la trame communautaire de la problématique du Nord. Car, en définitive, les écueils rencontrés par le projet de découpage découlent de considérations et motivations  révélatrices d’un repli identitaire assez profond pour contrarier tout espoir de règlement durable de la question septentrionale et jeter un sort périlleux sur la dimension substantielle du processus d’Alger qu’est la réconciliation. Sans laquelle les efforts de paix ne sont qu’illusoires et la survie du Mali en tant que nation n’est que mirage.

 

A Keïta 

Source: Le Témoin

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