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Décharges d’ordures à Bamako : « Nous jouons un grand rôle dans l’économie malienne et ça la mairie et le gouvernement le savent très bien ! » dixit Adama Sanogo

Une véritable entreprise s’est installée autours des ordures de la capitale et contrairement aux apparences, les ordures vont bien vivre son homme !

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« Nous jouons un grand rôle dans l’économie malienne et ça la mairie et le gouvernement le savent très bien ! » déclare   Monsieur Adama Sanogo avec une grande fierté. Adama Sanogo est spécialisé dans la récupération et vente des objets provenant  des décharges des différents entrepôts d’ordures des 6 communes de Bamako.  Selon de nombreux témoignages, il est  l’un des plus grands acheteurs des objets récupérés des décharges de la place. Monsieur Sanogo possède une boutique au grand marché de Bamako  où il stocke ses marchandises.   Et aux dires de Adama Sanogo, « l’Industrie des ordures nourrit très bien son homme surtout qu’une grande partie des objets récupérés sont exportés en Europe pour être recyclés et renvoyés chez nous sous une nouvelle forme. Le quotidien de  « l’entrepreneur des ordures »  consiste à faire le tour des décharges de la place, il discute avec ses clientes, des femmes et des enfants pour la plupart qui se chargent de fouiller pour lui les dépôts d’ordures à la recherche d’objets en plastiques, des sachets  plastiques et bouteilles.

Pour le besoin  à quelques centimètres de la grande décharge en  commune IV du district, face au cimetière de Lafiabougou, s’est installée une véritable  cité et sous des  tentes improvisées, des hommes et des femmes se sont installés à côté de cette grande décharge d’ordures à l’allure d’une grande montagne. Ils ont élu domicile à côté de leur occupation quotidienne qui les rapporte de quoi survivre financièrement.  Comme ils se plaisent à se surnommer : « ceux qui fouillent les ordures »,  ces personnes sont désormais en grand nombre à cette partie de la ville. Elles sont occupées à fouiller les ordures, arranger leurs trouvailles pour ensuite discuter avec leurs acheteurs.

La décharge en commune IV du district

En effet,  ce qui semble être des objets inutiles pour certains, est en  réalité un  trésor  pour d’autres.  Car à en croire  ces personnes, il s’agit d’un métier qui  rapporte gros. Comme le témoigne  Bouba Fané, un jeune d’une trentaine d’année : « Je fais ce métier depuis bientôt six ans, dieu merci, j’y trouve mon compte, il n’y a pas de saut métier. Je récupère de la ferraille, je peux gagner de mes ventes 6000FCFA à 8000FCFA dans la semaine ou plus,  c’est une question de chance. Même si certains passants nous méprisent parce qu’on fouille les ordures, moi je suis fier de gagner ma vie honnêtement ainsi », a-t-il déclaré dans un grand rire. Une opinion partagée par Ba Awa Bakayoko, la doyenne des riverains de la  décharge de Lafiabougou. Cette dame d’un certain âge est désignée comme la propriétaire des lieux parce qu’elle   paye « leur droit d’occupation » ; Dame Bakayoko emploie  beaucoup  de personnes à la décharge de Lafiabougou. D’une humeur joviale, Ba Awa Bakayogo semble très fière de son « industrie » et c’est avec un plaisir affiché qu’elle  fait  faire le  tour dans  son univers. Sous les tentes, on découvre classés dans des filets des piles de bouteilles ; des chaussures usées … le tout sous l’œil  vigilant des occupants des lieux.  Au milieu de ce monde, on aperçoit une mère allaitant son bébé, une dame faisant la cuisine au milieu des décharges. D’incessants  allez- retours et discutions, animent l’univers  des acheteurs et des « fouilleurs de poubelles ». Même si la doyenne des lieux ne veut pas divulguer son gain elle semble bien tiré son épingle du jeu : « Je m’en sors pas mal, je loue cette partie, ma famille est en location que je paye. J’ai également sur place quelques employés que je paye à  10000f  FCA par mois. Ils  se chargent de ramasser des bouteilles et des plastiques dans les ordures pour moi  ils  sont à ma charge, je les nourrie et paye leurs loyers à la fin du mois en raison de 10000F CFA la chambre. »,  s’est -elle contentée de dire. Contrairement à la doyenne, tous ne semblent pas exercer cette occupation de gaieté de cœur. Tel le cas de  Satan Traoré, veuve, mère de 6 enfants, « on a quitté notre famille pour venir chercher notre pitance dans les décharges des poubelles, nous sommes des veuves et nous n’avons personnes pour nourrir nos enfants qui sont sans pères. Nous venons chercher des bouteilles dans les tas d’ordures que nous conservons dans les moustiquaires.  On peut gagner par jour 1000F ou 15000f mais ce gain n’est pas  régulier.  En revendant les objets récupérés nous pouvons payer nos loyers, je loue une chambre à 10000F CFA par mois  avec le reste de mon gain  je peux m’acheter par jour un demi kilo de riz pour en faire une bouillie avec mes enfants ». « Je m’appelle Mariam Koné,  en temps normal, je revends au marché des habits d’enfants  mais comme le marché est très lent ces temps- ci, je me suis mise à la recherche des sachets d’eau utilisés et d’autres plastiques pour joindre les deux bouts », s’est lamentée  une  jeune fille qui fouille les ordures de Lafiabougou par  dépit. Quant à Fanta Kéita âgée  d’une quarantaine d’année, occupée à tirer  des plastiques des ordures au milieu d’une fumée nauséabonde, de la fouille des poubelles, on ne  peut que  s’assurer son repas quotidien  au détriment de sa santé.  «  Chaque jour,  je me réveille à l’aube pour venir à la décharge enfin de ramasser le maximum de plastiques. J’essaye d’en trouver en grand nombre pour remplir mes sacs,  je revends mes plastique au kilo à 100FCFA  », a-t-elle indiqué occupée à fouiller dans la terre mouillée et souillée par des eaux usagées en cette période pluvieuse.

Ceux qui semblent gagner le gros lot dans cette industrie sont certainement ces hommes occupés de  l’autre côté des murs de la grande cour de la décharge  à trier des chaussures et sacs provenant du dépôt d’ordure. Ils déclarent les revendre à 10f la chaussure, 125F CFA le kilogramme, ces chaussures et sacs sont ensuite achetés par des cordonniers qui les réparent pour les revendre ensuite sur le marché. Selon ces personnes une grande partie des trouvailles sont ensuite mise sur le marché de la friperie de Bamako. Et les objets en fer sont expédiés en Occident.

Comme le dit le dicton, « Il n’y a pas de saut métier, il n’y a que de sauts gens », une conception que se sont  appropriés des milliers de personnes. Qui gagnent leurs pains dans les dépôts d’ordures même si c’est au détriment de leur santé.

Khadydiatou SANOGO

Source : Le Progrès

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