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De vous à moi : Le poids de la parole, le choc des mots

CONTINENT AGITE, PAROLE AGISSANTE ?

Le sommet de Dakar, sur la Paix et la Sécurité, vise l’institutionnalisation.  L’ambition  de ses concepteurs ?

Face à Gorée, vestige  de souffrances, bâtir un Davos des colombes, garrot d’un continent résilient sur les hémorragies de la planète. Mais la parole doit annoncer l’action. Elle ne la remplace pas. Le dialogue  sécuritaire est essentiel au développement.

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Mais agir l’est encore plus dans un continent devenu dangereux, entre : crispations identitaires,  difficultés d’intégration nationale, sanctuarisations mafieuses, pseudo-jihadisme, aléas sanitaires, ampleur de la précarité, entre autres. La case brûle.

Ce sont des sceaux d’eau qu’elle demande. Au demeurant, Davos n’est pas une mais un trophée. Celui du triomphe du marché que  le tsunami des subprimes a battu mais pas abattu. On a entendu à Dakar, et c’est vrai, une parole libérée pour plagier le président Sall du Sénégal.

Le Tchadien Déby s’y est fait la mauvaise conscience de l’Otan en Libye et le Mauritanien Aziz a dit ses quatre vérités concernant les dangers des rançons payées contre la libération des otages. La France a entendu siffler ses oreilles. Pourtant face à la liberté de ton, se dressait l’abîme du protocole.

C’est à un ministre de la Défense, fût-il français, que nos présidents ont parlé. Et ce bien après la mort de Khadafi dont ils ne se consolent pas. On peut se demander su Nkrumah, Selassié, Ahidjo, Diori, Sekou Touré, Modibo Kéita auraient été d’un tel rendez-vous. Mais autres temps, autres enjeux. Et autres mœurs !

LA PAROLE PERD PARFOIS CE QUE LE SILENCE A GAGNE

La belle formule est un  proverbe espagnol qui permet d’évoquer  l’affaire Lazarevic à laquelle le président malien a consacré une interview en marge du sommet de Dakar.  Dans les médias, l’interview a réveillé une affaire que les angoisses de fin d’année du microcosme bamakois  rangeaient parmi  les mauvais souvenirs.

De surcroît, Ibrahim Boubacar Keita y reconnaît la libération de quatre prisonniers pour obtenir celle de Lazarevic.  Et parmi ces monnaies d’échange, il reconnaît le meurtrier présumé d’un garde de prison malien.

Pourquoi, après l’aveu de son ministre de la justice quelques jours auparavant,  le Chef de l’Etat a-t-il cru devoir  revenir sur une affaire extrêmement sensible au plan moral et éthique ?

C’est cette sensibilité qui explique, peut-être, que ses homologues Hollande et Issoufou ont esquivé toute question relative aux contreparties pour la libération de l’otage français. Qui plus est, en promettant de traquer et d’arrêter les quatre prisonniers libérés, notre président a crée l’incompréhension. Devrait-on se donner la peine de rattraper  si on pouvait ne pas libérer ?

Enfin, concernant les journalistes de Rfi assassinés à Kidal en novembre 2013, le Chef de l’Etat espère que la libération de Lazarevic pourrait aider à la manifestation de la vérité. Décrypté, cela veut dire que Lazarevic pouvait être un obstacle à celle-ci.

Autre grief fait au président : l’utilisation des médias étrangers pour s’adresser à la nation malienne. Car on a beau être en mondialisation, Obama utilisera Cnn avant Europe 1. Quand il se décide à parler. Ce qui peut ne pas être le cas, le silence étant parfois la meilleure communication.

Adam Thiam

Source: Lerepublicainmali

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