Dans ce billet, le chroniqueur et éditorialiste Adam Thiam alerte sur la saleté qui défigure la capitale malienne, appelée autrefois « Bamako la coquette ».
Les artères du Grand marché, à défaut de nous envoyer du néon la nuit, nous offrent l’une des plus grandes hontes des temps modernes : sacs plastiques noirs ou bleus partiellement ou totalement éventrés exhibant leurs déchets ; ordures jalonnant les trottoirs ou barrant les routes, chassé-croisé de chats et de rats que les phares ne gênent plus, odeurs pestilentielles à l’assaut de la ville.
Quelle indécence ! Quelle humiliation ! D’autant que l’anomalie constatée n’est pas un accident malheureux, une inconvenance due à des dysfonctionnements passagers, mais la suite pratique d’une décision que ce pays ne mérite pas. Le projet, c’est quoi ? Faire de Bamako une ville-poubelle, un cauchemar de santé publique. Ya foyi après. Les criminels en cause peuvent même se retrouver dans les corps constitués et dans les grands rendez-vous structurants du pays. L’impunité étant la règle et la tradition de la sanction totalement inconnue au bataillon. Ceux qui peuvent sévir ne passent pas par ces rues ou y passent toutes vitres teintées et solidement montées et ceux qui ont le devoir de faire un rapport font le mort —grassement embaumé le plus souvent.
Le résultat, c’est tout de même une ville parmi les plus sales au monde et qui était qualifiée, il y a cinquante ans, de Bamako la coquette. C’est aussi des contrats signés, payés ou pas payés à des sociétés de ramassage venant de pays très, très propres, eux. Et moi, on va me reprocher de me mêler des choses qui ne me regardent pas, c’est-à-dire ma vie et celle de mes enfants !
Par Adam Thiam
Ben bere